Les petits sauts de puces... ...font les grands voyages !

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 16 juin 2013

Kusjak

35 km

Lever prévu à 5h demain matin - pour rouler à la fraîche - alors on va faire vite :)

Ce matin nous avons mangé beaucoup de fruits, faisant de petites pauses abricots, nectarines, cerises du bord de la route, oranges - moi qui n'aime pas les oranges l'hiver en France, je les apprécie beaucoup ici par cette chaleur, nos premières prunes aussi, ramassées au pied d'un arbre lors de l'une de nos nombreuses petites pauses à l'ombre. Nous avons aussi grignoté un muesli que nous avons déniché dans une supérette. Pas de petit-déjeuner en bonne et due forme, et cela ne nous a pas manqué.

A un moment nous avions le choix entre route avec voitures (mais pas trop, c'est plutôt calme les routes ces jours), sans ombre, avec deux montées dont la première se dressait devant nous, pas du tout engageante... et une variante en bonne partie non-revêtue. Nous avons opté pour la variante, les chemins sont fatigants mais globalement ce n'était pas trop mauvais, l'ombre n'était pas rare, et l'eau souvent toute proche dégageait une fraîcheur très agréable.

En fin de matinée, alors que nous espérions trouver quelques fruits dans une épicerie nous y avons acheté de la saucisse, une bière fraîche aromatisée, du jus de fruits et des carottes bien fraîches, bien juteuses. Nous sommes allés nous installer à l'ombre fraîche d'un arbre à ras de l'eau - ailleurs même à l'ombre quelle chaleur, 34C, je vous laisse imaginer ce que ça donne au soleil ;)

Semoule à couscous, eau, jus d'un citron, concombre, tomates, oignon, raisins secs et de la menthe trouvée en ramassant des griottes - vive l'odorat ! - nous ont composé un taboulé délicieux et bien rafraîchissant. IMG_20130616_130119.jpg Il faisait très chaud quand nous sommes repartis vers 14h, après avoir fait trempette pour nous rafraîchir, avec le tee-shirt pour avoir frais plus longtemps ! Le chemin était fatigant avec beaucoup de graviers dans de petites pentes qui tournicotaient, exigeant une vigilance extrême. D'autant que nos montures ne réagissent plus tout à fait de la même façon : depuis deux jours Clémence est ma passagère sur le siege que nous avons changé de vélo ; Sébastien a hérité des sacoches et de la tente, surmontées de la draisienne qui, sur mon vélo, ne peut être glissée entre porte-bagages et siège comme sur le vélo de Sébastien. C'est donc un changement majeur de nos équipages, après bientôt trois mois de route !

J'étais fatiguée donc de cette grande vigilance, et lorsque nous sommes arrivés près d'une plage au bord de la retenue formée par le barrage Djerdap II proche, avec du monde au bord de l'eau ou à l'ombre, la pause était bienvenue. Nous avons posé nos montures près d'un couple parlant allemand, et nous sommes régalés dans l'eau certes un peu vaseuse, mais tellement agréable par cette chaleur. Et la pente douce permettait à Clémence et Baptiste de profiter à fond de cette baignade !

IMG_20130616_154931.jpg Quand nous sommes repartis, nous n'avions donné encore que quelques coups de pédales lorsqu'un fumet exquis de poisson frit a chatouillé nos narines... Il était 17h15, nous ne possédions plus beaucoup d'argent serbe... Quand même, demi-tour, brève discussion avec le jeune homme des lieux, pas de problème pour régler en euros, à un taux très correct. Après un temps sur l'aire de jeux en face pour Clémence et Baptiste, nous nous sommes attablés autour de Cevapi, de petits poissons frits, de frites et de salades serbes qui ressemblent fort aux salades macédoniennes, si agréables par cette chaleur (concombre, tomate, oignon... avec ou sans feta).

Et puis comme il nous a proposé des chambres (il y avait en face un panneau "bike & bed" sous les panneaux de l'eurovelo6) pour 500 dinars - un peu moins de 5€ - par adulte, et que ça devrait nous permettre de partir encore plus tôt demain matin, pour la première fois depuis notre départ de Belfort, ce soir nous payons pour dormir :)

Bon, une bonne chasse aux moustiques s'est imposée avant de dormir, et la chambre est plus grande que la tente, mais une douche juste avant d'aller au lit, et pas de rangement demain matin, c'est agréable aussi :)

samedi 15 juin 2013

Velesnica

48km, Clémence 3 km, Baptiste 2 km (il est en draisienne :) )

Nous nous sommes levés à 5h30 ce matin ! Il y avait du brouillard sur nos hauteurs et il faisait plutôt frais, mais le soleil était déjà haut dans le ciel. Nous étions vraiment juste au sommet et avons commencé la journée par 5 kilomètres de descente ! Et avons pris notre petit-déjeuner sur la plage de Tekija où nous sommes arrivés à 7h30.

Il faisait chaud quand nous avons redémarré, mais c'était encore supportable. Nous avons atteint Sip et le barrage de Djerdap I, dont la construction a entraîné l'élévation du niveau de l'eau en amont, et depuis avant même l'entrée dans les Gorges nous avons vu des sites et des villages déplacés plus en hauteur, les sites d'origine étant désormais submergés. Peu après, une épicerie nous a ravitaillés mais pas de fruits ! C'est en sortant que j'ai réalisé que ces gens, assis sur le muret à l'ombre des arbres, vendaient des cerises, concombres, abricots... 1 kg de cerises et 1 kg d'abricots ont été sévèrement entamés dans la minute, ça fait du bien des fruits quand il fait chaud !

Nous avions près de 30 km au compteur lorsque, fuyant la chaleur qui devenait vraiment intenable, nous nous sommes arrêtés au bord du Danube à Kladusnica, à l'ombre de grands noyers.

Après la vaisselle, Sébastien a vu l'épluche-légume tomber dans le trou au centre de la table... Or la table était une de ces grosses bobines de câble, le trou central s'ouvrait sur un volume assez vaste, mais sans autre orifice qu'un trou de "carotte" du bois !
IMG_20130615_144711.jpg

Pour Sébastien, l'objet était perdu et il faudrait en chercher un au prochain marché... Cependant, avec beaucoup de patience, pas mal d'ingéniosité, une frontale pour éclairer le fond, la pince en guise de rallonge, une ficelle pour relier cette dernière à mon poignet par précaution, et mon bras plongé dans la table jusqu'a l'épaule, victoire ! J'ai réussi à récupérer l'ustensile :)

C'est précisément à cet instant que sont arrivés des gens des maisons en face, nous proposant un café, apportant des nectarines, pommes et barres kinder. Sébastien a demandé son café noir et ledit café est arrivé, précédé d'une balancelle qu'apportaient les deux jeunes, et acompagné de cerises délicieuses fraîchement cueillies, de biscuits... Je suis allée aux toilettes de l'une des maisons, et en suis revenue avec du jus de fruit et des verres ! Quelqu'un a proposé que les enfants puissent se doucher, Clémence qui venait de faire sa toilette dans le fleuve ne voulait pas mais Baptiste a bien apprécié, lui qui trouve souvent l'eau du Danube trop froide et se lave du coup moins souvent :)

Nous avons passé sous ces noyers au bord du Danube un moment très agréable de convivialité, la chaleur au soleil était écrasante, l'ombre près de l'eau était merveilleusement fraîche, et tous les voisins ont rendu ce moment vraiment inoubliable.

La lessive que nous avions faite en arrivant était sèche à notre départ vers 15h30 ; il ne faisait pas plus frais, mais peut-être un peu moins chaud... Nous avons rencontré deux cyclistes suisses de la région de Zürich, partis de Vienne il y a deux semaines... A 130 km par jour le rythme n'est pas le même !!!

A Kladovo pendant que Sébastien changeait de l'argent, nous avons trouvé des ballons de baudruche sur la chaussée, venus on ne sait d'où, apportés par le vent, quelle joie pour Clémence et Baptiste ! Puis la route quittait le Danube, coupant sa boucle... grosse montée qui nous a conduits sur un plateau, horizon splendide de champs de blés ondoyant dans le vent, et au fond des montagnes, puis le Danube réapparaissant au moment pour nous de redescendre.

Nous avons pris une petite route à gauche, longeant un bras de Danube, et après avoir trouvé un petit coin où nous nous sommes baignés, nous sommes revenus près d'une table et de bancs que nous avions repérés. L'homme de la maison en face, à qui nous demandions s'il parlait allemand ou anglais, afin de savoir s'il serait d'accord pour que nous bivouaquions là, nous a répondu "non, mais je parle français !"

Zako et sa femme Gina ont vécu une quarantaine d'années en région parisienne, Zaco travaillant chez Citroën. L'an dernier en juin un couple de cyclistes français s'est arreté au même endroit, faisant la même demande ! Pendant que nous mangions Gina est venue s'installer avec nous, au bord de l'eau, à la belle table en céramique qu'ils ont faite et où ils se tiennent souvent l'été.

vendredi 14 juin 2013

Au sommet de LA côte, entre la tête de Decebalus et Tekija

40 km

Ce matin il a fait grisounet un moment, puis le soleil est sorti brusquement de derrière les nuages alors que nous n'avions pas encore fini de ranger le bivouac, il s'est mis à faire chaud, chaud, chaud !

Arrêt 5 km plus loin à Donji Milanovac, le réchaud étant presque à court d'essence. Bon, le temps que Sébastien remplace un rayon cassé de sa roue arrière, qu'on aille au marché où nous avons mangé d'excellents sandwiches à la saucisse locale ou au steak maison, oignons, chou et moutarde douce comme on en trouve ici, préparés par un couple parlant français pour avoir travaillé 20 ans dans le XVIIIe à Paris, qu'on se rende compte que c'était un marché forain, pas alimentaire, qu'on trouve le petit marché de fruits et légumes, qu'on s'y ravitaille - un mot pour les nectarines d'ici, toutes petites, de la taille de grosses noix - puis qu'on range tout ça, qu'on passe faire un tour à l'office de tourisme, qu'on y récupère un bel autocollant ressemblant à celui de Veliko Gradiste, qu'on soit arrêtés par des policiers nous informant que la route est fermée pendant encore une heure pour cause de course cycliste... Passé cette heure, en devoilage de roue pour Sébastien, vidange de panier pour moi, il était près de 14h30 quand nous avons démarré, sous quelques gouttes de lisière d'orage, avec seulement 6 km au compteur !!!!! Souvent nous roulons 15 à 20 km avant le déjeuner, pour vous donner une idée du décalage aujourd'hui.

Nous avons franchi les 5 derniers des 21 tunnels, fait deux pauses pour nous abriter de la pluie, préparé un taboulé pour le soir au cours de la deuxième, roulé à bonne allure dans de belles descentes à pente modérée, sué beaucoup dans des côtes, passé le point le plus étroit de ces gorges du Danube, où le fleuve s'étrangle dans 150 mètres de largeur, vu deux tours d'un château des Habsbourg émergeant de l'eau, contemplé des paysages qui régalent les yeux, aperçu la tête monumentale, sculptée dans la pierre de la montagne, du roi "Decebalus" (a-t-il un nom autre en français ? On ne lit ici que du serbe ou de l'anglais), souffert dans cette côte finale interminable, trouvé des fraises des bois, renoncé à rallier Tekija où nous pensions pouvoir bivouaquer au bord du Danube, trouvé un site agréable au sommet, truffé d'énormes escargots, pour planter la tente.

Le Danube ce soir est très loin, nous sommes en altitude ! Alors on s'est rincés un coup à la gourde, nous nous sentons beaucoup mieux pour dormir en n'étant pas moites.

Merci pour tous vos commentaires lus avec plaisir ! Continuez, on adore, avoir de nouvelles par ce biais, vous voir dialoguer ici, découvrir de nouveaux lecteurs qui nous suivent... :)

jeudi 13 juin 2013

Au bord du Danube, avant Donji Milanovac

49 km

A notre tour, sur les traces des FloChloandco qui y sont passés avant nous, des A dos de vélos qui les avaient croisés ici, et des Mamies-cyclettes qui en ont parlé récemment sur leur blog - et j'adore la façon dont elles en parlent, nous avons franchi les tunnels de cette route serbe qui longe le Danube. Vu leur numérotation décroissante commençant à 21, il doit nous en rester 5 pour demain. Je confirme qu'ils sont sans éclairage, et dans ceux qui sont longs et courbes on n'y voit vraiment rien, pourtant j'ai un phare assez puissant ! Cela me rappelait vraiment cet autre tunnel serbe dans lequel mes parents et moi avions eu si peur en y passant en voiture en 2004, sur la route pour la Macédoine. Tout noir aussi, sans lumière, sans réflecteurs, sans bandes blanches, comme nous n'en voyons jamais en France !
IMG_20130613_145918.jpg

Il pleuvait un peu ce matin mais nous avons pu ranger sans nous mouiller, à l'abri de la roche. On a vu un petit scorpion noir, 3 à 3,5 cm déployé, sur la moustiquaire de la tente. C'est dangereux par ici ces bêtes-là ? Par défaut on considère que oui, comme les serpents !
IMG_20130613_065643.jpg

Nous avons eu du soleil pour notre pause petit-déjeuner et lessive au bord du Danube avec chants de grenouilles et petits cailloux à jeter dans l'eau. Nous n'avions pas encore faim à midi moins quart quand Nikolaus nous a rejoints sous notre abri où nous préparions notre déjeuner; mais il pleuvait, alors on s'occupe ;)

Des paysages splendides, des roches très variées souvent tourmentées, pas mal de relief... Bon, on est plutot en forme, Sébastien sort doucement du rhume qui l'a vraiment terrassé hier et avant-hier. On a fini la journée par un peu plus de 2 km de grosse montée avec soleil très chaud, puis 3 km de grande descente. Ça va plus vite en descente ;)

Bivouac près du Danube en contrebas de la route, avec baignade toilette, gros orage puis beau coucher de soleil.

mercredi 12 juin 2013

Peu après Golubac

28 km, Clémence 1.

La nuit dernière nous avions bivouaqué au pied de la digue - côté opposé au Danube. Ce soir le bivouac est proche de la route, mais grandiose : nous sommes au pied d'une falaise immense, au bord (à une quinzaine de mètres quand même) d'une route sinueuse en partie creusée dans la roche qui, alors, la surplombe. En face, la rive opposée de l'immense lac que formait le Danube le long de notre route aujourd'hui, s'est rapprochée au fil des derniers kilomètres. Nous sommes vraiment juste à l'entrée des gorges. Nous avons déjà aperçu, sur le promontoire dominant le prochain virage, le château de Golubac construit par les Hongrois au XIIIe siècle, à l'emplacement d'un fort romain. Je suis fascinée par les dimensions de l'empire romain... Plusieurs empereurs romains sont d'ailleurs nés sur le territoire de l'actuelle Serbie.

Il pleuvait au réveil, et nous avons préparé pour le petit-déjeuner de la semoule au lait de soja en poudre, sucre vanillé, miel et raisins secs (et eau !), recette testée avec succès dimanche matin chez Aleksandar et Milica. C'est que nous avons des difficultés, ces derniers temps, à nous ravitailler en flocons d'avoine ou en muesli à taux de sucre décent (le sucre blanc a un apport énergétique très peu intéressant pour pédaler, et suscite un niveau d'agressivité pas franchement recommandable en voyage en famille avec deux jeunes enfants... alors le matin, on évite) ; du coup, pour varier et assurer notre pitance, nous avons pris de la semoule, qu'on trouve ici partout. Clémence n'est pas trop fan mais nous autres, on adore !

Ce matin à Veliko Gradiste nous avons trouvé une petite ville touristique dont la richesse apparente, comme d'autres villes et villages vus hier et aujourd'hui, contraste étonnamment avec la pauvreté manifeste des villages traversés sur l'autre rive - plus ou moins entre Pancevo et le bac de Stara Palanka. Nous avons notamment été frappés par tout le travail fait aux champs sans tracteur, des étendues importantes fauchées à la faux, le sarclage de tout un champ de maïs, les foins qu'on retourne ou qu'on ramasse, la charette de foin même tirée à la main... des tâches pour lesquelles, partout ailleurs, sur de telles surfaces, nous avons toujours vu des tracteurs. Nous avons trouvé un office de tourisme, avec un gros autocollant à la clé. La charmante hôtesse du bureau où nous avons changé des euros en dinars (nous sommes toujours en Serbie, et changeons de l'argent au fur et à mesure) nous a donné le mot de passe de son réseau wifi et j'ai pu mettre en ligne les articles de blog des deux derniers jours ; rempli nos gourdes aussi, et même donné une friandise à Clémence et à Baptiste, qui ont beaucoup joué avec elle à se cacher timidement en riant très fort, pendant que j'oeuvrais sur le téléphone. Elle nous a aussi indiqué le marché tout proche, et nous y avons trouvé de bons fruits et légumes, nectarines, tomates, concombres, oignons jaunes frais, petites pommes de terre nouvelles, un petit chou tendre qu'on a failli partir sans payer parce qu'on croyait qu'ils étaient deux sur un étal, alors que c'étaient deux producteurs différents ! Et à la charcuterie, avec un son (ronflement !) et un geste, nous avons pu avoir trois tranches d'échine de porc pour préparer ce soir "le plat de Myriam", et une saucisse.

A côté de la charcuterie il y avait une boulangerie, nous y avons acheté une marguerite et, comme il pleuvait et qu'on en servait sous notre nez à d'autres clients, nous nous sommes délicieusement laissé tenter par deux parts de burek à manger sur place, au chaud et encore chaudes, miam !

Pause toilettes, rempaquetage des courses, il était pas loin de 13h quand nous avons vraiment démarré, aujourd'hui ! Il ne faisait pas très chaud, j'ai eu besoin de mon coupe-vent. Baptiste s'est endormi très vite, repu et fatigué d'avoir couru dans les flaques d'eau ; Clémence n'a pas tardé à en faire autant, et nous avons regardé seuls, au bord de la route, ces cimetières propres et chics aux pierres tombales en papillon, portant à gauche pour monsieur, à droite pour madame, nom, prénom, photo, dates de naissance et, le cas échéant, de décès ! Oui, ici on peut avoir sa photo et son nom sur sa tombe avant d'avoir le pied dedans. J'en ai été très surprise.

Aux nuées de moucherons qui gênaient nos yeux, nez, bouches est venu se mêler un très fin crachin. Nous arrivions près de Golubac quand il a forci, et nous sommes abrités devant une sorte de zone commerciale et gare routière pour manger un morceau au sec. Puis, allez, il pleuvait plus fort, nous sommes alles boire un thé/café turc au café proche, profitant du réseau wifi pour aller un peu sur Internet...

Grand moment d'émotion ! Les FloChloandco sont arrivés, hier, à Constanta, à la Mer Noire ! Grosse émotion encore, Ludovic les a retrouvés pour filmer leur arrivée ! J'ai lu ce soir les deux étapes de folie qu'ils ont faites avant l'ultime journée de voyage : 80 puis 90 kilomètres, ouarg ! A vélos chargés et avec des enfants, avec en plus beaucoup de dénivelé, ce sont vraiment des distances énormes.

Il était déjà tard, 18h peut-être, quand nous avons quitté notre abri, et nous sommes sortis de la ville pour nous mettre en quête d'un bivouac. Pas évident quand la route se faufile entre falaise et fleuve ! Nous pensions déjà demander, au village suivant, où planter notre tente, quand nous avons trouvé ce petit bout bien plat, bien propre aussi, en retrait, enfin juste pour nous quoi.

Et pendant que le "plat de Myriam" cuisait - version oignons frais, pommes de terre nouvelles, échine, ail et thym - nous avons entamé le chou. Et comme il était très bon, si tendre et délicat... nous l'avons tout mangé ! Du coup, inédit, nous avons un reste du plat de Myriam pour demain, ce n'était encore jamais arrivé, avec cette recette :)

mardi 11 juin 2013

Veliko Gradiste

51km, Clémence 11km dont 3,5 km sur une très mauvaise levée en terre, herbe et cailloux, et Baptiste 2 km dont 1 de forte côte à la sortie du bac.

Ce matin, avec le gros orage d'hier soir la cour était boueuse chez Boby, et la tente en était sans doute un peu alourdie... Nous sommes allés prendre notre petit-déjeuner au parc avec ses quelques jeux, et avons encore une fois, comme la veille au soir, été frappés par la pauvreté qui semblait régner ici.

Ayant relu le blog des FloChloandco nous savions que le bac qui, de Stara Palanka, nous ferait franchir le Danube vers la rive sud, traversait toutes les trois heures de 7h à 19h, et nous avons décidé d'aller prendre celui de 13 heures, cela nous faisait rouler beaucoup le matin, mais nous n'avions pas envie d'attendre celui de 16h.

Dans un village entre-temps nous avons racheté quelques fruits et légumes, il y avait des oranges ! Nous en avions pris trois, devant le succès nous sommes tout de suite aller en racheter deux de plus :) C'est un fruit qui me semble tellement plus agréable à savourer par cette chaleur, qu'en plein hiver froid ! Un villageois s'est approché, nous demandant, dans un français parfait, si nous avions besoin de quelque chose. C'est qu'avec la roue de la remorque que nous retirons à chaque arrêt, on nous croit souvent en panne ! Notre interlocuteur avait vécu un moment en France, résidant à Paris mais voyageant dans tout le pays, qu'il semblait bien connaître. Un vélo relativement chargé est passé par là, et nous avons fait la connaissance de Nikolaus qui lui aussi parlait très bien français. Autrichien, il suit le Danube - et l'Eurovelo 6 - depuis Novi Sad.

Notre route, à un moment, s'est ouverte sur un paysage très vallonné, comme des vagues, disait Clémence, couvertes d'herbe. Nous avons roulé quelques kilomètres dans ce relief surprenant, avant que je me rappelle les paroles de notre hôte à Belgrade. Aleksandar nous a beaucoup parlé de son pays, ça a été l'occasion de beaucoup de discussions passionnantes, à propos d'histoire ancienne, d'histoire plus récente, d'économie, de géographie...

Et parmi tant d'autres choses il m'a expliqué que cette région, qu'il aime beaucoup, était une vaste étendue de sable que le vent de nord-est balayait l'hiver. Pour enrayer la progression des dunes, les hommes ont commencé à y planter des arbres il y a une centaine d'années... Ça ne vous rappelle rien ??!? J'ai dû écrire à peu près la même chose debut octobre l'année dernière, à propos des Landes !

Au franchissement du canal nous avions le choix entre cinq kilomètres de mauvais chemin sur digue, ou 12 km de route... nous avons pris l'option digue, ça secouait ! Clémence, installée dans le siège, a voulu rouler un peu - en général elle n'aime pas rouler sur mauvais revêtement - et je venais de dételer son vélo quand Nikolaus nous a rejoints. Nous avons roulé quelques kilomètres ensemble, puis il est parti devant.

Nous avons atteint le bac vers 12h40, avons aperçu Nikolaus attablé sur la terrasse ombragée du café. Sébastien s'est informé : prochain départ à 13h15, c'est bien toutes les trois heures mais au quart. Ca me laissait le temps de préparer une petite salade avec le riz d'hier soir, tomates et concombre : j'avais vraiment très, très faim avec pres de 30 kilomètres déjà dans les pattes !

Nous avons vus arriver les trois belges et néerlandais vus brièvement hier. Secoués par les cinq mauvais kilomètres, et surpris de nous revoir ici : c'est vrai qu'entre hier soir et ce matin, nous avons beaucoup roulé, à un rythme assez élevé. Vive le petit soupçon de vent arrière ;)

IMG_20130611_132532.jpg Cette traversée, les FloChloandco l'ont faite un matin pluvieux, pour nous c'était sous le soleil brûlant de la mi-journée... La traversée a duré longtemps, le fleuve est immense ici ! Nous étions contents de trouver un coin d'ombre sur l'autre rive. Avant d'attaquer l'énorme côte...

Avec ces deux jours de très forte chaleur, je porte enfin mon short - adapté et adaptable à mon tour de taille - acheté à Budapest. Très agréable, confortable, et plutôt chic en plus, il est parfait. Mais j'ai pris de ces coups de soleil sur les cuisses ! Je n'ai pas pensé à protéger cette peau jusque-là restée couverte...

Nous avons fait une pause sous un mûrier et tout le monde s'est régalé - et Baptiste s'est, en prime, tout barbouillé - de mûres noires, bien mûres. Il ne s'agit pas de ronces, mais bien des fruits de l'arbre du bombyx, qui sont très nombreux sur les bords de notre route depuis plusieurs semaines. C'est Ivana de Cortanovci qui, en nous invitant à en manger comme nous passions sous un mûrier, m'a apporté la confirmation que je ne savais où chercher, que ces petits fruits étaient comestibles. Danielle de Vaugris m'y avait fait goûter déjà, mais c'était il y a une quinzaine d'années et sur des arbres monumentaux, alors que nous voyons ici surtout des arbustes.




Avec la chaleur nous avions très envie de nous baigner, mais pas facile de trouver un accès correct à une eau correcte : beaucoup d'algues et/ou de détritus le long du bord... Finalement c'est à Veliko Gradiste, sous l'aire de jeu et la menace de l'orage qui sévissait juste en face en Roumanie, en bas d'un escalier descendant du quai, que Sébastien, Clémence et moi avons fait notre toilette rafraîchissante. Baptiste n'avait pas envie de cette eau qu'il trouvait trop froide, et était inquiet de savoir l'orage si proche. Je suis sûre que ses quatre grands-parents adoreraient voir Clémence se mouiller prudemment, se laver, se rincer, hardie et débrouillarde, et heureuse de se rafraîchir elle aussi après avoir eu si chaud, et de se sentir propre ensuite, et de pouvoir choisir ses vêtements propres...

L'orage s'éloignait un peu, nous donnant plus de visibilité sur les reliefs de l'autre rive. Mais un vent froid s'est soudain mis à souffler, vite les polaires ! Après quelque hésitation, nous avons décidé de revenir en arrière pour planter la tente le long de la digue, si possible avant d'etre mouillés... Nous avons trouvé un petit coin à l'abri du vent, et un peu des regards, et lorsque le temps s'est finalement éclairci sans une goutte, nous sommes rappelés encore un autre passage du blog des FloChloandco, évoquant le fait que les orages éclataient toujours de l'autre côté, en Roumanie...

Ce soir c'était pop-corn, salade de tomates, poivron, concombre, oignon, et œufs brouillés aux oignons grillés. Et tout le monde sous la tente avant la nuit. C'est bon de bivouaquer de bonne heure ! Nous nous sommes installés peu après 18h.

Tout à l'heure, sur le quai avant la baignade, mon téléphone est tombé : l'écran s'est étoilé... Bon, il fonctionne encore, mais zut quand même !!!

Il reste un tout petit peu plus de 1000 kilomètres de Danube d'ici à la Mer Noire, nous avons vu le panneau kilométrique 1077 en traversant le fleuve. Et demain commencera pour nous le franchissement des Portes de Fer, nom des Gorges du Danube au travers des Carpathes (et moi, ça y est, du coup, je sais enfin où sont les Carpathes ! :D )

lundi 10 juin 2013

Gaj

48 km

Ce matin Sébastien a ouvert la tente pour sortir, et nous avons entendu pschhhhhhhh... Sans que rien n'ait bougé depuis la veille au soir, ni que personne n'y ait touché, la roue avant de son vélo venait de crever ! Du coup, il a commencé sa journée par une séance de réparation, puis soin des vélos, pendant que dans la tente je suais à grosses gouttes en rangeant matelas et couette à côté des enfants qui finissaient leur nuit. Quelle chaleur sous la tente au soleil, déjà à sept heures !

La réparation, tout près de la valve, n'a pas tenu, et nous avons redonné quelques coups de pompe pour au moins atteindre le coin d'ombre le plus proche et y prendre notre petit-déjeuner et, cette fois, changer la chambre à air. C'est là que nous avons vu arriver trois vélos chargés : nous apercevant depuis la veloroute, Martin, Louise et Simon sont venus nous saluer ! Ils ont quitté Paris le 15 mars, sont passés par la Loire, la Saône, Lyon, la ViaRhona, puis l'Italie, la Slovénie... Ils vont jusqu'a Bucarest d'où ils prendront l'avion pour rentrer en France, avec une semaine de pause WOOFING en Roumanie.

Pauses décalées, nous nous sommes ensuite aperçus plusieurs, les uns dépassant les autres arrêtés. En arrivant au village de Ban. Brestovac, Baptiste réclamant des toilettes nous avons fait halte à la première station essence. Un jeune pompiste charmant nous les a ouvertes, il parlait anglais et nous avons discuté un moment. Est arrivé un cycliste chargé, Klaus, allemand de la région de Nuremberg. Quand l'averse a éclaté quelques minutes après, nous nous sommes abrités sous l'auvent d'un magasin fermé, où Klaus nous a rejoints. Nous en avons profité pour photographier ses cartes : il possède le lot de cartes que nous n'avons pas réussi à trouver, de Budapest à la Mer Noire.

Trois belges également bien chargés sont passés nous saluer, à nous tous il se parlait un fameux mélange d'anglais, français et allemand, j'avoue que mes phrases contenaient un mélange qui aurait fait rougir mes profs :D

Et puis la pluie s'étant arrêtée, les cartes étant enregistrées dans l'appareil photo, nous avons repris la route, cela devait faire bien une heure, une heure et demie que nous étions dans ce village ! Des vélos chargés devant une maison sur le bord de la route, un, deux, le troisième avec une remorque ; et nous avons aperçu Louise, Martin et Simon attablés. Martin est sorti, ils s'étaient arrêtés pour enfiler leurs coupe-vent, et Liljana et son mari les ont invité à venir s'abriter, boire un verre de rakija, goûter la soupe de poisson... Ah, il nous a fait envie, avec sa soupe de poisson, on était déçus de s'être arrêtés 200 mètres plus tôt... mais leurs hôtes de dire à l'instant, "venez ! Soupe poisson, paprika !" C'était un reste des 30 ans fêtés hier de leur grand fils, vice-champion de bras de fer de Serbie, qui a battu Martin à plate-couture en effet ;)

Et nous avons goûté cette excellente soupe assaisonnée au paprika, préparée avec un poisson de 18,5 kg ! La prune arrachait bien à ce qu'il paraît, pour ma part je me suis régalée du jus d'abricot maison servi aux enfants.

Il était 17h quand nous nous sommes remis en selle, on ne peut pas dire que nous partions "à la fraîche", mais en tout cas à la nettement moins chaude !

La chaleur a aussi du bon : aujourd'hui nous avons mangé nos premiers abricots !!! Même pas achetés, je pensais que c'était encore trop tôt pour en trouver de bons... Nous les avons ramassés, deux fois 5-6 fruits au pied de deux arbres hors villages. Quel délice inattendu ! Nous avons aussi mangé beaucoup de cerises aigres, très mûres elles sont très sucrées, des arbres en sont couverts au point d'être rouge coquelicot. Et puis on commence à apercevoir des prunes qui jaunissent...

Ce soir nous avons planté la tente dans la cour de Bobi, et je venais d'entrer dans la tente avec les enfants quand l'orage a éclaté, éclairs, tonnerre et trombes d'eau. Baptiste avait très peur, avant d'entrer, avec tous ces éclairs, et s'est senti beaucoup mieux une fois dans la tente bien que les éléments se déchaînent violemment !

Sans aucun rapport, un motif de grande satisfaction : aujourd'hui le téléphone a chargé efficacement, et pour la première fois depuis très longtemps, le téléphone a atteint son niveau de charge maximal par mon pédalage. Il était vraiment nécessaire et bienvenu de changer ce câble abîmé ! Et nous sommes soulagés de retrouver cette autonomie.

dimanche 9 juin 2013

Pancevo

Aujourd'hui j'ai vu un abricot orangé sur un arbre au bord de la route, nous avons traversé sous escorte le tournage d'un film, November Man, parce que non, nous n'allions pas redescendre l'énorme côte que nous venions de monter, nous avons fait cinq kilomètres de route épouvantable dans une mauvaise direction, donc autant en sens inverse, nous avons été dépassés par une Peugeot immatriculée dans l'Isère, nous avons acheté un nouveau câble pour mon téléphone, nous avons relevé sur notre guide de 5 ans le nouveau tracé de l'Eurovelo6, ...

Hier, nous avons trouvé des bottes pour Clémence, les siennes ont rendu l'âme en huit jours, caoutchouc cuit, des fentes partout ! Et nous avons aussi trouvé pour elle un nouveau coupe-vent, le sien prenait l'eau, il avait quelques années de bons et loyaux services, ayant servi aux cousins avant de lui parvenir.

Et enfin, nous avons renvoyé à Belfort notre couette d'hiver, les nuits ont décidé visiblement de ne plus etre fraîches, et avec quelques vêtements et des jouets et peluches des enfants, nous nous sommes allégés de plus de 5 kg. Grace à l'aide et à la patience de Milica sans qui nous aurions sans doute eu bien des difficultés ! Et nous avons aussi visité Belgrade, sa rue piétonne, sa forteresse Kalemegdan, déjeuné dans un boui-boui très local, très bon, très abordable et très arrangeant avec ces touristes qui ont envie de tout goûter :D Belgrade, dernière capitale de la série de quatre avec Wien, Bratislava et Budapest.

Ce soir nous nous sommes laissés tenter par un restaurant au bord de la veloroute et de la rivière, un reconstituant bien mérité après cette vingtaine de kilomètres sous haute tension. Une terrasse très agréable, et un repas gastronomique délicieux et plutôt sain, bon à part les frites et saucisses des enfants peut-être :)

Et puis, nous nous sommes aussi régalés de lire une partie des derniers épisodes des FloChloandco, à qui nous avons bien pensé en quittant Belgrade, j'avais certains détails en tête de leur propre sortie de cette capitale, notamment le panneau qui dit de prendre le trottoir en tout petits caractères, sans accès possible au trottoir !

vendredi 7 juin 2013

Belgrade

27 km, Clémence 11.

Nous sommes à Belgrade chez Aleksandar et Milica, Warmshower chaleureux et bons cuisiniers :) Comme chez Povi à Budapest, nous avons dû tout monter au 4e étage. Mais cette fois, il y avait un petit ascenseur, seuls les vélos sont passés par l'escalier !

Nous avons eues plusieurs averses aujourd'hui, très abondantes ; mais nous n'avons pas été mouillés, pouvant chaque fois nous abriter.

La première nous a surpris pendant le petit-déjeuner, nous étions encore chez Boshco et la tente était déjà pliée, vite tout sur la terrasse couverte !

Il y en a eu une pour laquelle un pont autoroutier nous a servi de refuge, pour une autre nous avons trouvé un abribus, et la dernière a éclaté quelques instants avant qu'Aleksandar nous rejoigne au point de rendez-vous convenu, nous étions sous le préau d'un hôtel, face au Danube...

Clémence a roulé avec plaisir entre nous aujourd'hui. Je suis très impressionnée par sa compétence à circuler sur route fréquentée pas très large, je trouve que dans ce domaine elle a beaucoup progressé et je pense que même l'avenue Jean Jaurès deviendra fréquentable à vélo à notre retour ! (Peut-être qu'avec tous les travaux en cours cela aura changé... jusqu'a présent cette rue commerçante à forte circulation dont des bus, sans aménagement cyclable, ponctuée de chicanes rétrécissant les voies de circulation, était mon gros point noir à vélo, THE endroit dangereux, LA rue que je ne prenais JAMAIS avec les enfants !)

Aleksandar nous a proposé de rester une deuxième nuit ici, aussi nous visiterons tranquillement demain ; et feront quelques achats... Les bottes de pluie de Clémence sont hors d'usage, complètement cuit le caoutchouc s'est fendu à plusieurs endroits ces 8 derniers jours. Son coupe-vent, dont j'avais remarqué qu'il n'était plus très étanche, a même un trou... Et puis, nous aimerions trouver des cartes dignes de ce nom pour la suite du voyage !

Nous reprendrons aussi les discussions passionnantes avec Aleksandar, qui nous a expliqué un peu l'histoire des Balkans au cours des deux derniers siècles, entre autres sujets passionnants. Les horreurs des différentes guerres successives, brrr... Comment les élections démocratiques, par la victoire des nationalistes face aux communistes, puis la propagande, ont conduits en quelques semaines à la guerre dans les années 90... Pourquoi plusieurs drapeaux nationaux, dans la région, ont les couleurs du drapeau français...

Oui, on pourrait aller parfois à l'hôtel ; mais ce n'est pas juste une question de budget : on ne pourrait avoir ce genre de conversations en étant tous les quatre entre les quatre murs d'une chambre !!!

Djordje nous avait parlé de l'offre faite par l'empire austro-hongrois à des étrangers, notamment des souabes, de s'installer sur certains territoires à des conditions très attractives. Aujourd'hui Aleksandar a évoqué ce sujet : suite à un accord de paix entre ottomans et autrichiens, la frontière a été placée sur le Danube ; auparavant il y avait eu d'incessants combats, d'un côté, de l'autre, au point que cette zone n'était plus habitée par personne. D'où l'effort pour repeupler après l'accord de paix, en proposant à des étrangers ces terres.

jeudi 6 juin 2013

Stari Banovci

43km, Clémence 5km, Baptiste 2,5km.

Ce matin nous étions conviés à aller prendre le petit-déjeuner chez Tsatsa. Bon, le temps de gérer un réveil grincheux, de rassembler nos affaires et ranger la chambre où nous avions dormi, nous avions un peu de retard... Le quart d'heure belfortain...

C'était un peu à l'autre bout du village, Bane nous y a conduits en voiture. Par la porte ouverte du jardin, Baptiste s'est écrié "des jeux ! Y a des jeux ! Y a plein, plein de jeux !" tout en courant vers le fond du jardin : portique, cabane, piscine à balles... Un paradis pour les enfants !

Pour notre part, nous avons été invités à prendre place autour de la grande table dressée sur la terrasse. Du lard frit, des poivrons rouges confits, de l'ajvar, une marguerite de petits pains, un autre pain qui rappelait les pains du Maroc, des oeufs durs, des confitures, des tranches de pain frites, un peu comme du pain perdu peut-être mais pas sucré ni imbibé, et puis un plat dont j'ai oublié le nom...

Micha, le mari de Tsatsa, est allé chercher des eaux-de-vie et liqueurs, ainsi que du vin - précisons que tous les produits évoqués étaient faits maison, tous ! Un paradis pour les cyclistes plein d'appétit :)

Nous avons beaucoup apprécié de manger dehors après plusieurs jours frais, et de manger tranquilles pendant que les enfants jouaient, venant picorer de temps en temps, notamment des poivrons rouges. Nous avons compris que la confiture était d'églantier, avec la texture et l'évocation de la couleur et de l'époque de cueillette. En deux jours nous avons bien progressé en serbe :)

A la fin de ce festin Tsatsa nous a encore mis différents restes en boîtes et sacs pour les emporter, et donné un gros pot de confiture d'églantier, mais où va-t-on mettre tout ça ??!? Sachant que Bane et Ivana nous donnaient aussi un gros pot de miel (med), le reste des gaufres et une grosse bouteille de sirop de sureau. Là encore, tout maison bien sûr !

Alors, une fois revenus chez Ivana et Bane, il a fallu caser tout ça, et la dessus Tina et son petit Nikola et encore quelques autres, sont arrivés avec un sac plein de jouets, peluches et accessoires de coiffures pour Clémence et Baptiste ! Bon, il a fallu faire des choix... Clémence a renoncé au gros lapin rose qu'on lui offrait, et donné son abeille (tchela) à Nikola, pour que la place soit suffisante pour le reste... Elles sont toujours trop petites, les sacoches ! :D Nous avons aussi vu arriver Tsatsa, qui tient le magasin à côté de chez Ivana et Bane, avec un drapeau serbe !!! Pas d'autocollant du pays sur la malle, pour l'heure, mais nous avons trouvé à installer le drapeau derrière le siège et cela donne encore plus fière allure à notre convoi :)

Nous avons pris la route peu avant 11h finalement, sans provision d'eau - juste les gourdes courantes - en prévision de la grosse côte qui nous attendait à la sortie du village. Après, que de la descente ou du faux-plat en notre faveur, presque, nous avons apprécié :)

En début d'après-midi nous avons été rattrapés par deux cyclistes chargés : Anne et Maurice sont bretons, ils ont quitté Vannes le 12 avril et roulent aussi vers la Mer Noire. Nous avons bu un verre de sirop de sureau ensemble.

Plus tard nous avons fait la connaissance d'Yves et Jean, de Lyon, sur l'Eurovelo 6 avec leur troisième frère, passé devant nous sans s'arrêter...

Ce soir, après avoir bien roulé, nous avons été hélés en traversant le village par plusieurs personnes rassemblées dans une cour. Ni une, ni deux, nous sommes allés leur demander s'ils savaient où nous pourrions planter la tente... et on nous a ouvert le portail, proposé le jardin, montré les toilettes et l'interrupteur de la lampe extérieure, servi un café... Bref, l'hospitalité serbe telle que nous la connaissons depuis quelques jours !

Tous les jours ici on nous parle de Roland-Garros qui se joue en ce moment : c'est que le joueur Serbe Djokovic y est en bonne place ! Et pour la France, Tsonga. Et tout le monde sait bien, ici, que ce tournoi se déroule en France.

mercredi 5 juin 2013

Repos !

Ivana et Bane nous ont invité à passer ce jour de gris et de pluie chez eux, à rester une deuxième nuit, nous sommes dorlotés, en fait nous sommes logés, nourris, blanchis !

La lessive sèche ; elle était très nécessaire, mais difficile à faire à la main ces derniers jours : il faisait assez frais, pas très envie de se mouiller les mains... Quant au séchage, sans soleil c'est quasi impossible pour les pantalons par exemple.

Bane est maire du village où nous nous trouvons. Il nous a donné hier un DVD présentant le village et ses environs. Ce matin, après un petit-déjeuner de beignets maison au sel et/ou au ketchup, nos hôtes nous ont emmené en voiture jusqu'au Danube. Une vue superbe, nous le surplombions avant d'y descendre par une mauvaise route à trous, pavés, boue et très forte pente où nous n'aurions pas pu passer à vélo !

Pendant que Sébastien était convié à boire un verre de vin macédonien avec Bane et son oncle, près de la petite maison d'où ce dernier pêche, Ivana et moi sommes allées à la plage toute proche avec Baptiste qui le demandait instamment, Clémence et Iva. Une plage de sable fin gris avec lequel ils ont joué un long moment, à jeter du sable dans l'eau, à creuser des canaux, faire des barrages... On voit déjà que le niveau de l'eau est relativement haut.

Pour le déjeuner il y avait un plat mijoté à base de haricots blancs et carottes avec de la viande, et salade verte, oignons blancs et rouges, tous les légumes provenant du jardin. C'était excellent, et c'est vraiment un genre de plat que Clémence et Baptiste aiment énormément, comme les flageolets ou le cassoulet par chez nous !

Cet après-midi, Ivana a préparé des gaufres, et il y avait tout plein de monde pour les manger. Nous avons sorti la confiture de cerises croate pour aller dessus... en espérant ne pas provoquer d' incident diplomatique... notre intention étant plutôt contraire...

Tout autre registre, nous nous tenons informés sur la crue historique du Danube qui est en train de noyer les villes et bivouacs par lesquels nous sommes passés... Promis nous serons prudents, pas de baignades dans le fleuve à haut débit, ni de bivouac à ras d'eau pour le moment. Et s'il le faut nous nous arrêterons un temps en sécurité. Nous sommes très impressionnés d'avoir lu qu'à Passau par exemple le Danube a une hauteur d'eau de plus de 9 mètres, et que la ville est privée d'electricité et d'eau potable depuis deux jours... Que la Hongrie est en état d'urgence, et on retrouve dans les textes des informations les noms des villes et villages où nous avons mangé, bivouaqué, fait nos courses...

mardi 4 juin 2013

Cortanovci

40km

Je ne sais pas si nous arriverons à bivouaquer en Serbie... Nous n'avons pas encore réussi. Ce soir c'est sur l'aire de jeu de ce petit village en longueur et en pente que nous avions jeté notre dévolu. Après avoir demandé si c'était bon pour planter la tente, nous avons installé notre campement. Une maman est venue avec ses deux enfants, la petite fille nous a raconté plein de choses mais on n'a rien compris forcément :D

Nous avons fait chauffer une soupe : il fait vraiment frais aujourd'hui, on n' a pas dépassé 15C je crois, beaucoup de crachin très breton, et si les kilomètres de montée quelque temps après Novi Sad, nous ont sacrément fait chauffer, l'arrivée en haut, à 270m gris et ventés, et surtout la descente de l'autre côté par 12C, nous ont vraiment transis. 25km/h par 12C humide ça fait une température ressentie vraiment pas chaude...

Ce matin nous avons eu pour petit-déjeuner des oeufs des poules de nos hôtes, aux petits oignons blancs du jardin, et toujours lard, saucisse et autres charcuteries maison. De quoi lutter contre le froid ! Ceca puis Branka nous ont chacune, sans se concerter, donné un sac plein de vêtements pour nous, jouets pour les enfants, et divers accessoires, pharmacie, parfum, savon... Avec la barrière de la langue, pas facile de leur expliquer qu'on ne peut pas doubler comme ça le volume de nos bagages :D Mais pour ne pas non plus tout refuser en bloc, nous avons pris quelques affaires, évidemment Clémence voulait prendre TOUS les jouets !!!

Nous sommes partis sous le crachin, avec invitation à revenir l'an prochain à cinq, et avons rejoint la digue toute proche : un tronçon de veloroute nouvellement revêtue dans ce monde de mauvaises routes à voitures vrombissantes, c'est agréable :)

Nous venions d'atteler le vélo de Clémence quand j'ai vu arriver deux vélos chargés face à nous. Non, trois. Quatre ? Un tandem et deux vélos ! Deux adultes et deux enfants, "mais alors, vous êtes Ulysse et Zacharie ?!?"

Nous les avions lus annoncés sur le blog des FloChloandco, qui les avaient croisés entre deux tunnels. Aujourd'hui Véronique, Emmanuel et leurs deux garçons de 7 et 9 ans grelottaient sous le crachin et ses 14C avec, pour eux, vent de face... C'est qu'après un temps en Asie, ils sont rentrés en Europe par la Turquie où pendant un mois les températures atteignaient voire dépassaient 40C... La transition est dure !

Il a bien fallu repartir, chaque famille de son côté... In se reverra, j'espère, en Haute-Savoie ou en Franche-Comté ! En attendant on ira lire leur blog : adosdevelos.fr

Nous sommes arrivés à Novi Sad en tout début d'après-midi, et après avoir enfin acheté de l'argent local, sommes alles manger sur indication de ces compatriotes, quelque chose de bon dont j'ai oublié le nom, et qui m'a rappelé la pastilla à Marrakech.

Nous avons bien contemplé la citadelle, mais n'y sommes finalement pas montés, trop haut, trop dur, trop tard, nous avons repris cette grand-route le long de laquelle nous avons peu après trouvé un marché où nous ravitailler en fruits et légumes. Le kilo de fraises est parti très vite !

Et puis, donc, quelques kilomètres plus tard il y a eu ce très long temps de montée, Gilles et Michèle nous en avaient averti par mail, c'est vrai que c'était long ! Mais au moins ça réchauffait :) Baptiste a fait pipi toutes les dix minutes, plus souvent que moi c'est dire ! On faisait des pauses pour reprendre notre souffle et vider sa vessie...

Et donc ce soir, comme la soupe chauffait, est descendu un petit groupe, nous invitant à prendre le café ou autre, à prendre un petit-déjeuner serbe demain matin. Et aussi, à venir passer la nuit ! Bon, ça ne se refuse pas :) Ça a juste été un péu long de tout replier et ranger dortoir et tente, mais on était très contents de suivre Ivana chez elle, avec Milan, Iva, Bane...

D'après Dragan qui s'était posé en interprète, Bane est le maire du village. Et ce soir nous avons encore mangé de la charcuterie maison... On y prend goût, c'est bon !

Je tombe de sommeil, tant pis si c'est décousu, pour une fois que je peux mettre en ligne le soir même j'en profite :)

lundi 3 juin 2013

Futog

43 km

J'aurais bien confié la rédaction du blog à Sébastien, mais après une bière et demie et 3 verres de rakija, la prune maison servie par Nedja notre hôte de ce soir, j'aurais peur que vous ne compreniez pas tout :D

Nous voilà en Serbie, nous avons quitté en milieu de matinée Luka et la Kapetanova Kuca après avoir troqué nos dernières kuna contre un pot - énorme - de confiture de cerise, et pris la route vallonnée pour Ilok, la ville la plus à l'est de la Croatie. Nous y avons trouvé un autocollant du blason croate, in extremis avant de quitter le pays !

Nous avions relu sur le blog des FloChloandco qu'ils avaient suivi la rive sud d'Ilok à Novi Sad, et que, conformément à ce que décrivait le guide, la route était une succession de côtes et descentes franchement raides avec de la circulation et une chaussée pas très large. Du coup, nous avons décidé de tenter la face nord ; tant qu'à avoir le vent dans le dos, autant en profiter sur du plat :)

Bon, la rive gauche avait une chaussée pas très large non plus, pas mal de circulation, mais un bas-côté permettant de s'arrêter facilement, et puis, sur du plat vent dans le dos, on filait sans effort entre 16 et 20 km/h. Et il y avait des cerisiers mûrs ;)

A Backa Palanka nous avons repéré une aire de jeux dans une rue latérale, et sommes allés y manger le taboulé que nous avions préparé sur le parvis de l'église d'Ilok : nous y avions trouvé de la menthe fraîche, le reste, tomates, poivron, oignon, concombre, raisins secs, citron et semoule, était en stock.

Une femme a traversé la rue et est venue nous demander, en anglais, d'où nous venions. Et si nous avions besoin de quelque chose. Quelques minutes plus tard, depuis l'autre côté de la rue ses voisins nous ont proposé un café - et elle, un thé pour moi qui ne prenais pas de café. Finalement Sébastien s'est aussi vu proposer une bière, et nous nous sommes retrouvés assis à la table de jardin, pendant que Clémence et Baptiste profitaient des jouets de la petite-fille de nos hôtes Nenad et Natasha. Notre entrée en Serbie - nous avions passé la douane moins d'une heure plus tôt - était plutôt agréable !

Après un très bon moment ensemble, nous avons pris congé, Natasha a voulu donner aux enfants l'un des ballons, mauve, avec lesquels ils avaient joué tout ce temps. Depuis le temps qu'ils ont envie d'un ballon... On a trouvé moyen de le mettre dans un sac en tissu pour l'accrocher !

Et puis nous sommes arrivés à Futog, petite ville juste avant Novi Sad où l'itinéraire de l'Eurovelo 6 propose de rejoindre le Danube, quittant cette grand-route pénible. Juste avant la digue nous avons aperçu sur la gauche, au-delà d'un terrain de foot, une aire de jeux. Parfait pour dîner - il était 18h et quelques.

Il y avait des enfants sur le terrain de foot, un jeune couple sur une balancelle... C'est à une femme qui était à la porte de son jardin que nous sommes allés demander si nous pourrions planter la tente ici. Elle a appelé sa voisine qui parlait anglais, ok pourquoi pas une tente ("chator"), mais ils avaient l'air perplexes, "il fait froid" disaient ils avec des gestes qui nous permettaient de comprendre !

Jelena, la voisine parlant anglais, entourée de ses 4 enfants dont 2 jumeaux de l'âge de Baptiste (25/2), nous a demandé si nous aurions besoin de quelque chose... On s'est regardés, on a hésité... allez, on ose :"Pourrions-nous prendre une douche ?..." "Mais oui, bien sûr !" Et me voilà partie avec les enfants, ils n'ont pas rechigné, eux aussi étaient contents de se sentir propres :) Leurs visages et leurs pieds n'avaient franchement plus la même couleur après qu'avant :D

Je ressors, semant au passage mes enfants devant des dessins animés dans un salon plein de jouets... Sébastien, une bière à la main, m'explique que "Papi", le voisin, père de Ceca à qui nous nous étions tout d'abord adressés, ne veut pas nous savoir dehors sous la tente alors qu'il va pleuvoir. Nedjo a déjà montré à Sébastien son garage - une pièce propre fermée avec plein de place ! - ainsi que des toilettes, un point d'eau...

Nous pensions sortir nos matelas, Nedja et Ljuba et les jumelles Branka et Ceca installent par terre des tapis, plein, puis plusieurs épaisseurs de matelas et/ou couettes, un édredon par dessus notre couette, de grands oreillers... Bref, un bon dortoir bien douillet !

Puis nous invitent à entrer à la cuisine, une infusion, du riz au lait, Jelena est partie coucher ses enfants, un autre voisin, Rajko, a pris le relais pour faire l'interprète, il se debrouille drôlement bien avec son anglais d'écolier. Nedjo sort de la prune, excellente, maison, appelée "rakija". Un peu plus tard, on nous sert encore une assiette de charcuteries maison, saucisse, jambon fumé, lard (en VO Kobasica, Sunka, Slanina) avec du pain, ah, si vous voyiez Baptiste manger !!! (Ses parents aussi, hein, mais vous connaissez déjà leur appétit ;) )

Il fait gris et pas très chaud, mais on ne s'en est pas trop rendu compte...