25 km

Après le petit-déjeuner nous sommes allés faire le plein d'eau au cimetière près duquel nous étions, où nous avons aussi pu profiter de toilettes. Quand nous sommes sortis il y avait foule ! Des cyclistes, des motards, des appareils photos braqués sur nos attelages...

Comme je revenais pour ranger les gourdes, l'un d'eux s'est adressé à moi en croate d'abord, puis, me voyant perplexe sans doute, dans un allemand impeccable. Ils trouvaient nos équipements géniaux ! Il nous a expliqué qu'ils étaient tout un groupe faisant une sorte de raid humanitaire : 500km en 24h. Ils ont fait une visite au cimetière, Clémence et Baptiste ont reçu des barres de céréales :)

Nous avons pris la route, pour une étape pas très agréable comme l'indiquait le guide, et nous l'avions lu aussi sur le blog des FloChloandco : pas de plat, que des montées et descente. Et pour chaque village, un plongeon pour y descendre, une ascension pour remonter.

C'est dans l'une de ces côtes laborieuses que Sébastien et ses passagers, derrière moi, m'ont crié qu'il y avait des cyclistes chargés derrière nous. Nous avons fait halte en haut, et fait la connaissance de Tim l'anglais, parti d'Angleterre le 7 mai, et de Buggi l'allemand, en selle depuis un an à travers l'Afrique et l'Europe. Ils roulent ensemble depuis 5 jours, et de dirigent vers la Mer Noire et, au-delà, vers l'Asie. Le temps de croquer chacun une carotte, de faire un petit sandwich aux enfants, et nous sommes repartis pour le prochain village, espérant y trouver un endroit agréable pour s'installer pour manger.

Le prochain village commençait par quelques cerisiers près du cimetière ; les pauses cerises sont des moments agréables, et d'autant plus précieux que la saison n'est pas très longue, et qu'elle a été si brève l'an dernier sur nos routes de France !

La plongée sur le village offrait cette fois une vue très belle, deux eglises, le Danube en fond, les toits de tuiles rouges, des arbres... Le Danube, très large ici : 900 mètres.

Et l'endroit agréable, nous l'avons trouvé en descendant près du fleuve. Il y avait un panneau "restaurant", nous avons aperçu l'eau, des jeux, ... Il y avait un terrain plat entre le Danube et une terrasse en partie couverte, en partie en plein air. Un jeune homme s'est avancé vers nous, se présentant en anglais, nous demandant si nous souhaitions un endroit pour planter la tente. Euh, à vrai dire, à 14h nous n'y pensions pas du tout ! Mais c'est vrai qu'au bord de la route, sous le panneau restaurant il y avait une sorte de vélo en bois portant la mention "free camping".

Pour l'heure, nous avons demandé s'ils servaient à manger. On mettait le couvert sur les deux tables de la terrasse couverte, Luka nous a proposé de nous installer à la table de notre choix, dehors ou dedans, où nous pourrions manger ce qui avait été préparé aujourd'hui : il y avait une grande marmite comme on en voit ici, suspendue à son trépied, au-dessus d'un réchaud. Une sorte de goulash, à la façon de ce qui se fait le long du Danube, si j'ai bien compris.

Le père de Luka nous a invité à prendre place avec eux - il y avait des amis - aux tables de la terrasse couverte, et là, quelqu'un s'est adressé à nous en français "Venez ! Venez à table !" Dragan, la soixantaine, a grandi ici jusque vers quinze ans, puis est parti en France. Il fait de la rénovation, travaillant habituellement en région parisienne. Ces deux derniers mois, pour un client qui y avait une maison à rénover, il était à Delle !!!

Pour ceux qui ne connaissent pas notre région, Delle est dans le Territoire de Belfort, à la frontière suisse.

Le repas était excellent, et servi à volonté... C'était un petit peu fort pour les enfants mais ils ont néanmoins mangé de bon appétit, heureux, en plus, que nous conversions en français ! Pendant le repas, Luka a proposé de nous emmener ensuite faire un tour en barque sur le Danube !

On a parlé de la guerre, Dragan pendant le repas, Luka plus tard, tous deux ont dit comme l'attaque des Serbes a été inattendue, ici la Serbie est de l'autre côté du Danube, et pour les terres, à quelques kilomètres, moins de dix. Certes ils avaient vu à la télé que c'était la guerre, mais les voisins n'allaient pas d'un coup venir leur chercher querelle.

Si. L'attaque a été soudaine, inattendue, en plein déjeuner, surprenant tout le monde, des grenades, des obus ou quelque chose comme ça... Le village a été sévèrement endommagé, les maisons pillées.

Le village a été occupé par les Serbes, et si la guerre a pris fin en 1995, c'est seulement en 2001 qu'ils ont cessé d'occuper les lieux... Luka et son père ont alors récupéré la maison familiale, construite ici en 1926 par l'arrière-grand-père de Luka.

Dans l'après-midi, Luka nous a emmenés en barque sur le Danube. Clémence et Baptiste étaient gais ! Ils ont beaucoup joué à faire gicler de l'eau en mettant leur bras le long du bateau, et étaient donc bien trempés quand nous avons fait halte sur une grande île - croate - formée par un bras du Danube. Sur cette île, nous racontait Luka, avant la guerre chaque famille du village avait une maisonnette, une cabane... aujourd'hui, une seule. L'été ils aiment venir se baigner ici, le niveau de l'eau en baissant découvre de belles plages de sable.

Pour l'heure, le niveau est assez haut, et avec les fortes précipitations tombées sur l'Allemagne ils prévoient une élévation d'1 mètre du niveau de l'eau dans la semaine à venir !

Au retour, Luka a laissé les enfants manoeuvrer la barque par la poignée du moteur, ça zigzaguait tant que ça pouvait, tout le monde a beaucoup ri :D

Puis nous avons commandé des jus d'orange, et Luka nous a servi des tranches de pain et de la saucisse faite maison : un régal. Ici, ils ont un grand potager, un verger abondant,et sont relativement autosuffisants sur le plan alimentaire, pouvant échanger des légumes ou des fruits pour obtenir d'un voisin un cochon, par exemple.

Nous avons planté la tente, et couché peu après huit heures Clémence fatiguée. Puis nous avons eu droit à des crêpes à la confiture de cerise (maison), un délice de plus !