51km, Clémence 11km dont 3,5 km sur une très mauvaise levée en terre, herbe et cailloux, et Baptiste 2 km dont 1 de forte côte à la sortie du bac.

Ce matin, avec le gros orage d'hier soir la cour était boueuse chez Boby, et la tente en était sans doute un peu alourdie... Nous sommes allés prendre notre petit-déjeuner au parc avec ses quelques jeux, et avons encore une fois, comme la veille au soir, été frappés par la pauvreté qui semblait régner ici.

Ayant relu le blog des FloChloandco nous savions que le bac qui, de Stara Palanka, nous ferait franchir le Danube vers la rive sud, traversait toutes les trois heures de 7h à 19h, et nous avons décidé d'aller prendre celui de 13 heures, cela nous faisait rouler beaucoup le matin, mais nous n'avions pas envie d'attendre celui de 16h.

Dans un village entre-temps nous avons racheté quelques fruits et légumes, il y avait des oranges ! Nous en avions pris trois, devant le succès nous sommes tout de suite aller en racheter deux de plus :) C'est un fruit qui me semble tellement plus agréable à savourer par cette chaleur, qu'en plein hiver froid ! Un villageois s'est approché, nous demandant, dans un français parfait, si nous avions besoin de quelque chose. C'est qu'avec la roue de la remorque que nous retirons à chaque arrêt, on nous croit souvent en panne ! Notre interlocuteur avait vécu un moment en France, résidant à Paris mais voyageant dans tout le pays, qu'il semblait bien connaître. Un vélo relativement chargé est passé par là, et nous avons fait la connaissance de Nikolaus qui lui aussi parlait très bien français. Autrichien, il suit le Danube - et l'Eurovelo 6 - depuis Novi Sad.

Notre route, à un moment, s'est ouverte sur un paysage très vallonné, comme des vagues, disait Clémence, couvertes d'herbe. Nous avons roulé quelques kilomètres dans ce relief surprenant, avant que je me rappelle les paroles de notre hôte à Belgrade. Aleksandar nous a beaucoup parlé de son pays, ça a été l'occasion de beaucoup de discussions passionnantes, à propos d'histoire ancienne, d'histoire plus récente, d'économie, de géographie...

Et parmi tant d'autres choses il m'a expliqué que cette région, qu'il aime beaucoup, était une vaste étendue de sable que le vent de nord-est balayait l'hiver. Pour enrayer la progression des dunes, les hommes ont commencé à y planter des arbres il y a une centaine d'années... Ça ne vous rappelle rien ??!? J'ai dû écrire à peu près la même chose debut octobre l'année dernière, à propos des Landes !

Au franchissement du canal nous avions le choix entre cinq kilomètres de mauvais chemin sur digue, ou 12 km de route... nous avons pris l'option digue, ça secouait ! Clémence, installée dans le siège, a voulu rouler un peu - en général elle n'aime pas rouler sur mauvais revêtement - et je venais de dételer son vélo quand Nikolaus nous a rejoints. Nous avons roulé quelques kilomètres ensemble, puis il est parti devant.

Nous avons atteint le bac vers 12h40, avons aperçu Nikolaus attablé sur la terrasse ombragée du café. Sébastien s'est informé : prochain départ à 13h15, c'est bien toutes les trois heures mais au quart. Ca me laissait le temps de préparer une petite salade avec le riz d'hier soir, tomates et concombre : j'avais vraiment très, très faim avec pres de 30 kilomètres déjà dans les pattes !

Nous avons vus arriver les trois belges et néerlandais vus brièvement hier. Secoués par les cinq mauvais kilomètres, et surpris de nous revoir ici : c'est vrai qu'entre hier soir et ce matin, nous avons beaucoup roulé, à un rythme assez élevé. Vive le petit soupçon de vent arrière ;)

IMG_20130611_132532.jpg Cette traversée, les FloChloandco l'ont faite un matin pluvieux, pour nous c'était sous le soleil brûlant de la mi-journée... La traversée a duré longtemps, le fleuve est immense ici ! Nous étions contents de trouver un coin d'ombre sur l'autre rive. Avant d'attaquer l'énorme côte...

Avec ces deux jours de très forte chaleur, je porte enfin mon short - adapté et adaptable à mon tour de taille - acheté à Budapest. Très agréable, confortable, et plutôt chic en plus, il est parfait. Mais j'ai pris de ces coups de soleil sur les cuisses ! Je n'ai pas pensé à protéger cette peau jusque-là restée couverte...

Nous avons fait une pause sous un mûrier et tout le monde s'est régalé - et Baptiste s'est, en prime, tout barbouillé - de mûres noires, bien mûres. Il ne s'agit pas de ronces, mais bien des fruits de l'arbre du bombyx, qui sont très nombreux sur les bords de notre route depuis plusieurs semaines. C'est Ivana de Cortanovci qui, en nous invitant à en manger comme nous passions sous un mûrier, m'a apporté la confirmation que je ne savais où chercher, que ces petits fruits étaient comestibles. Danielle de Vaugris m'y avait fait goûter déjà, mais c'était il y a une quinzaine d'années et sur des arbres monumentaux, alors que nous voyons ici surtout des arbustes.




Avec la chaleur nous avions très envie de nous baigner, mais pas facile de trouver un accès correct à une eau correcte : beaucoup d'algues et/ou de détritus le long du bord... Finalement c'est à Veliko Gradiste, sous l'aire de jeu et la menace de l'orage qui sévissait juste en face en Roumanie, en bas d'un escalier descendant du quai, que Sébastien, Clémence et moi avons fait notre toilette rafraîchissante. Baptiste n'avait pas envie de cette eau qu'il trouvait trop froide, et était inquiet de savoir l'orage si proche. Je suis sûre que ses quatre grands-parents adoreraient voir Clémence se mouiller prudemment, se laver, se rincer, hardie et débrouillarde, et heureuse de se rafraîchir elle aussi après avoir eu si chaud, et de se sentir propre ensuite, et de pouvoir choisir ses vêtements propres...

L'orage s'éloignait un peu, nous donnant plus de visibilité sur les reliefs de l'autre rive. Mais un vent froid s'est soudain mis à souffler, vite les polaires ! Après quelque hésitation, nous avons décidé de revenir en arrière pour planter la tente le long de la digue, si possible avant d'etre mouillés... Nous avons trouvé un petit coin à l'abri du vent, et un peu des regards, et lorsque le temps s'est finalement éclairci sans une goutte, nous sommes rappelés encore un autre passage du blog des FloChloandco, évoquant le fait que les orages éclataient toujours de l'autre côté, en Roumanie...

Ce soir c'était pop-corn, salade de tomates, poivron, concombre, oignon, et œufs brouillés aux oignons grillés. Et tout le monde sous la tente avant la nuit. C'est bon de bivouaquer de bonne heure ! Nous nous sommes installés peu après 18h.

Tout à l'heure, sur le quai avant la baignade, mon téléphone est tombé : l'écran s'est étoilé... Bon, il fonctionne encore, mais zut quand même !!!

Il reste un tout petit peu plus de 1000 kilomètres de Danube d'ici à la Mer Noire, nous avons vu le panneau kilométrique 1077 en traversant le fleuve. Et demain commencera pour nous le franchissement des Portes de Fer, nom des Gorges du Danube au travers des Carpathes (et moi, ça y est, du coup, je sais enfin où sont les Carpathes ! :D )