Nous voilà rentrés depuis près de trois semaines de notre traversée de l'Europe à vélo.

A peine rentrés nous avions donc pris le train - pour quelques jours à Vaugris chez Bon Papa et Mamie Suzie. Nous y avions apprécié un autre atout de la sédentarité : pouvoir ramasser les fruits alentour et en faire des confitures... En l'occurence, les dernières groseilles du jardin, cueillies un matin avec les enfants, et les abricots que le vent faisait tomber en bas du jardin. Cela nous a bien consolés de tous ces abricots bulgares abandonnés au bord de la route ! Et régale nos matins au pain, assez rares à vrai dire. Nous restons fidèles aux fruits frais, fruits secs et céréales - flocons d'avoine, pétales de maïs.

Question de Clémence en partant : "mais, pourquoi nous ne partons pas avec nos vélos dans le train et après on rentre à la maison à vélo, avec la tente et tout ?" ...

Eh oui, après sept mois de voyage terminé dans le froid de l'hiver, les enfants n'avaient qu'une envie : rentrer à la maison. Envie qu'ils ont commencé à avoir - surtout Clémence - dès le début du troisième mois de périple en France... Et au cours des trois mois de pause hivernale au chaud chez nous, ils n'avaient aucune envie de repartir... Même s'ils consacraient une grande partie de leurs jeux, déjà, à "partir en voyage" !!!

Au cours de nos trois mois et demi vers l'est, Clémence surtout, Baptiste parfois, ont aussi réclamé le retour à la maison. Leurs jouets leur manquaient, et puis leur aire de jeux préférée, les rollers, les trottinettes...

Mais cette fois, à peine rentrés, les voilà qui nous réclament de repartir ! Comme quoi, voyager, être nomade, aller chaque jour vers l'inconnu, affronter des hordes de moustiques assoiffés de sang, avoir pour salle de bains un fleuve gigantesque, replier chaque jour notre logis de toile, et chaque jour trouver une place où l'installer, tout cela ne semble pas les avoir traumatisés :)

Mardi nous étions invités à Baume-les-Dames chez Marie. Marie qui fut notre première étape, deux jours après notre départ de Belfort vers l'ouest, en mai 2012. Nous nous étions revus cet hiver. Cette fois, au lieu de monter dans le train à Belfort pour en descendre à Baume, nous sommes partis à vélo, tôt, Baptiste encore endormi délicatement installé sur le dos de Papa... Clémence avait choisi de voyager dans un siege plutôt que d'avoir son vélo.

Nous roulions donc ultra-légers, nos deux vélos adultes étant chacun simplement équipés d'une gourde, d'un panier de guidon contenant quelques en-cas, et d'un siège enfant supportant un sac à dos : vêtements de rechange, gâteau pour le goûter chez Marie, et coupe-vent car temps menaçant.

C'est à l'Isle-sur-le-Doubs que, après ascension et descente d'une passerelle éprouvante au-dessus des voies, nous avons pris le train pour Baume. Marie, qui habite en hauteur, est venue prendre paniers, sacs à dos et enfants ravis qui sont montés en voiture, tandis que nous appréciions de faire légers l'ascension de la très forte côte - digne d'une côte bulgare ! De quoi conclure en beauté les 55 kilomètres de cette matinée :) Nota Bene : nous n'avons pas affronté la côte d'Etouvans, préférant faire 4 km de nationale. L'occasion de constater qu'une nationale française avec ses voitures et ses camions, semble un parcours de santé à côté d'une nationale roumaine avec ses voitures et ses camions !!!!!!! Ici on vous double avec respect, courtoisie et distance de sécurité...

Nous devions rentrer le soir même. Mais le dernier train à vingt heures trente bousculait tout le monde, aussi avons-nous accepté avec plaisir la proposition de Marie et Jérémy de rester dormir. D'autant qu'à part trois instants de friction, Nino, Clémence et Baptiste jouaient merveilleusement ensemble, et que Sébastien et moi nous réjouissions à l'idee de repartir, du coup, à vélo le long de ce passage si agréable de l'Eurovelo6.

A l'aller comme au retour, nous avions plaisir à reconnaître cet endroit où nous avions fait une pause, ce pré où nous avions pique-niqué, ce bivouac et notre première baignade avec des moustiques féroces qui s'étaient régalés sur mon dos...

En fin de matinée ce mercredi nous étions à Clerval. Ce ne sont pas des chips et des nectarines que nous avons achetés cette fois à l'épicerie, mais un melon. Nous avons trouvé vers midi pour le manger une petite plage naturelle le long du Doubs, formée par une grande dalle naturelle dont la moitié immergée offrait aux enfants une belle pataugeoire en pente douce. Quel plaisir pour tous quatre de se baigner par cette chaleur ! Dans un paysage magnifique de reliefs verdoyants. Et de sentir que certaines habitudes de voyage ont envie de rester...

Nous avons redémarré sur cette veloroute, le coeur un peu serré de croiser autant de voyageurs à vélo lourdement chargés et de n'être plus reconnus comme tels à présent... Mais bon, heureusement qu'ils ne s'arrêtent pas, en fin de compte, car il y en a vraiment beaucoup !!!




Baptiste puis Clémence se sont endormis chacun dans un siège, et nous avons roulé avec beaucoup de plaisir le long du Doubs ou du canal du Rhône au Rhin - ils se confondent souvent sur ce secteur. Après une pause goûter et jeux au grand parc de Monbtbéliard, nous sommes allés y prendre un train vers 17h, heureux de ces 65 kilomètres parcourus en famille dans des conditions vraiment agréables : pas de contrainte horaire, des paysages que nous aimons contempler, un parcours idéal le plus souvent hors circulation automobile, plat la plupart du temps, sur une véloroute au revêtement parfaitement lisse, balisée à chaque carrefour...

Et heureux de sentir que nous restons en forme !

Ce soir Baptiste et moi sommes seuls à la maison : Sébastien a emmené Clémence pour une petite virée de deux jours, en FollowMe et sacoches. Ils bivouaquent en ce moment au bord du Bassin de Champagney. Baptiste était triste quand Sébastien a évoqué récemment la reprise prochaine du travail, et très triste aujourd'hui de voir partir la moitié de la famille... et s'endormir sans Papa, c'est presque aussi dur que s'endormir sans Maman !

Mais les courses juste nous deux, avec la grande malle pour ranger les achats, c'était quand même un très bon moment, surtout qu'à la Biocoop il y a un coin jeux avec pleiiiiiiiiiiiiin de gros legos :)

Voilà, une petite tranche de notre vie de pas-tout-à-fait sédentaires !