Ils me rappellent ces lits de pierres et de cailloux que la route franchissait par endroits, dans la vallée de la Durance, il y a un mois. J'imaginais, en les voyant, les flots furieux qui sans doute dévalaient ce lit rocailleux par temps de pluie ou de fonte des neiges, et les assauts des cailloux emportés, brinquebalés, projetés hors du lit.

Ils me rappellent ces lits de pierres que nous avons vus secs, qui peut me dire la météo qu'il fera sur nos ruisseaux dans les jours à venir ? Qui peut prédire ces vagues qui submergent, ces flots qui dégringolent, ces inondations souvent brutales ?

Le fil des jours me surprend, où se sont invités pêle-mêle douleur et incompréhension, apaisement, déni, sérénité, tristesse, apaisement, abattement, confiance… Et les ruisseaux qui font ou défont leur chemin dans ces reliefs imprévisibles, un jour sec et l'autre à sans cesse jaillir, mon pire ennemi est ma poche quand elle est vide, dans ma maison où je reprends mes repères, pour toutes digues j'ai semé des mouchoirs. Autour de ma maison où je retrouve ma ville, les amis sont présents, et c'est vrai, ouf, l'amitié ça tient chaud…

La Providence aujourd'hui, c'est sans doute d'avoir toujours des bras accueillants, une oreille attentive, une épaule réconfortante à portée de ruisseaux les jours où ils dévalent… C'est sans doute ce sentiment d'être entourés, cette bienveillance rencontrée toujours. C'est sans doute la joie présente dans chaque journée, comme les enfants sont maîtres dans l'art de l'instiller !

A la source ce soir, ces mots que je relisais dans un mail, écrits par ma sœur il y a deux mois: « le moment fort de la journée était le rendez-vous prévu pour 17h cet après-midi par nos voisins. Ensemble ils s'étaient concertés pour nous apporter un repas : une manière de venir nous entourer après avoir appris que j'avais perdu mon Papa... Visite discrète et charmante, les plats apportés étaient tout prêts à être réfrigérés ou réchauffés selon que l'on allait dîner à l'horaire français ou américain. Kim a évoqué la tradition américaine des pionniers : "circle the wagons", c'est-à-dire faire cercle avec les chariots pour protéger. » On n'est pas encore prêts à sortir du cercle...