35km

Ce matin Justine et moi, réveillées avant le reste des troupes, sortons faire un tour dans le matin. Il fait encore frais peu après 7 heures, 9°C, nous suivons le chemin dont nous nous sommes écartés hier soir pour bivouaquer et contemplons la vue sur la mer et les falaises de la Corse que nous avons regardé s'éloigner hier depuis le ferry. Il fait beau, quelques nuages, on entend et voit tout plein d'oiseaux, on contemple des fleurs toutes inconnues pour moi... Un moment agréable. Nous rencontrons un marcheur, qui devient joggeur quelques pas plus loin. Nous entendons et voyons le ferry qui s'éloigne de la côte sarde.

De retour à la tente nous faisons signe à Baptiste qui est dehors, occupé à jouer avec les roseaux. Clémence le rejoint bientôt, elle a fini de ranger l'intérieur de la tente avec Sébastien. C'est parti pour près de deux heures d'escrime et autres jeux avec les longues tiges ! Avant de partir, pour ma part je taille une flûte et j'arrive même à en extraire un son :-), plus exactement deux, tonique et dominante, puis un troisième qui réalise un demi-ton parfait, après avoir percé un trou au hasard...

Nous avons quitté le parc du bivouac et repris la route en direction du Capoteste. Ça descend, ça remonte... J'ai l'impression pénible d'avoir de la choucroute dans les jambes, impossible de monter les côtes, pas de jus. On avance quand même un petit peu, on serpente un peu dans Santa Reparata, qui se révèle être une petite station balnéaire certes très jolie, mais quasi déserte. Autour d'une petite plage, des chaos de roches émergent, on voit derrière la presqu'île du Capoteste : plein les yeux. Mais dans les jambes, rien, à la énième côte où je reste en plan au deuxième tour de pédale, je me sens saisie d'angoisse : et si je n'avais plus la même énergie, suite à mes récents maux de dos ?

Sébastien se veut rassurant : il me dit avoir la même impression d'être sans énergie à chaque montée, et que c'est peut-être juste qu'elles sont trop raides... Du coup l'inquiétude ne disparaît pas, mais change : et si la Sardaigne, c'était juste trop dur pour nous?...

On place quelque espoir dans la route principale, aux dénivelés peut-être plus modérés... En attendant on a fait descendre les enfants qui marchent joyeusement à côté, comme au Col de l'Echelle. Allez, il faut maintenant la rejoindre.

Vive le gps et Patrick ! C'est grâce à "here" utilisée au bon moment, qu'on emprunte la bonne direction : la route sur la carte, est en réalité une piste, nous n'aurions pas eu l'idée de nous y engager... Quelques centaines de mètres et nous "tombons" sur la grand-route, juste au niveau d'une supérette. L'occasion d'y refaire le plein, devant les fruits et légumes frais, notamment de très belles et délicieuses oranges d'Italie fraîches, comme nos clémentines corses ; derrière les produits plus industriels, céréales, chips, pâtes "oh Maman ! On est en Italie, alors c'est de la pasta !" Le moral des troupes va mieux. Et quand on reprend la route, ça monte, les enfants sont de nouveau installés, il y a les courses en plus : et pourtant on y arrive ! Ouf. C'étaient donc bien des pourcentages épouvantables qui nous éprouvaient tant. Nous entamons donc soulagés la suite de notre découverte de la Sardaigne printanière, arbres fleuris de blanc, de jaune, bas-côtés fleuris aussi, blanc, crème, jaune, toutes nuances de rose, bleu, violet... Et ça sent bon, rien à voir avec la Provence, mais bien agréable aussi.

Et la bonne nouvelle, en plus, c'est qu'au lever ce matin, je n'ai plus mal, du tout ! Je sens bien encore un peu de raideur, mais plus de douleur. Je n'y croyais plus guère, après avoir encore tant souffert à l'arrivée à Bonifacio ! Merci infiniment Manon de Marseille...

Bon, nous roulons à travers une garrigue déserte, quelquefois une petite route s'éloigne mais pas de maison en vue ; la plupart des chemins sont clos d'une barrière à quelques mètres de la route. Et nous n'avons presque plus d'eau, imprudemment nous avons oublié de faire le plein lors de nos difficultés à Santa Reparata, puis en retrouvant la grand-route en périphérie de Santa Teresa. Il ne nous reste plus que quelques gorgées sur chaque vélo. Finalement à la deuxième station service fermée nous trouvons un robinet, ouf !

A présent nous pouvons nous mettre en quête d'un bivouac. Beaucoup de relief, des barrières, portails ou barbelés à chaque départ de chemin... Finalement Sébastien repère un pré dont l'accès n'est pas verrouillé, et c'est là que nous élisons domicile pour la nuit. Baptiste et Clémence jouent au frisbee pendant que nous montons la tente, Justine joue avec dés... On profite ainsi des derniers rayons du soleil, qui viennent finir de sécher la tente encore un peu humide de ce matin.

Puis c'est le festin du soir, salade avec de l'échalote, bâtonnets de carottes, chipster, blettes sauvages récoltées dans la journée et des céréales de petit-déjeuner en dessert : les loulous sont ravis de ces fantaisies :)