A vélo, 3km ! En train une soixantaine,
à pied un certain nombre.

A notre réveil en face de la gare, le parking hier désert (peut-être 5 voitures...) semble complet, il y a là des dizaines de véhicules, une bonne centaine sans doute ! Ca ne nous a pas empêché de dormir ;)

Nous avons pris les billets pour nous 5 et nos 2 vélos (ici, ils payent), nous avons discuté un moment avec Gigi qui nous avait abordé, il vient de Cagliari enseigner l'histoire et la géographie ici à San Gavino, et nous a expliqué que cette petite ville était la "capitale" du safran, "l'or rouge de Sardaigne". Il paraît que les champs mauves en novembre sont magnifiques... Il faut 200 fleurs (qui ressemblent aux colchiques) pour produire 1g de safran... ce sont les "stigmi" (pistils ?) de la fleur que l'on récolte.

Puis nous sommes allés sur le quai 4, utilisant avec un plaisir intense les très confortables (et longues) rampes d'accès : comme on aimerait avoir les mêmes à Belfort !!! Puis nous avons attendu le train, qui arrivait quelques minutes plus tard.

On a cherché le logo vélo, on ne l'a pas vu, on a regardé la configuration, deux portes de part et d'autre d'un poteau, 3 marches, ... On a vu le contrôleur, et on est restés sur le quai. On ne le sentait pas du tout, pas le temps d'alléger les vélos pour tout monter, on s'est dit qu'on prendrait le suivant.

Le suivant ne se présentait pas tellement mieux, c'était même plutôt moins bien en matière de configuration, porte pas vraiment plus large, espace accessible très restreint - mais un contrôleur bienveillant et volontaire qui nous a aidés à rentrer tout le barda dans le train au plus vite. Il ne marquait qu'un seul arrêt - à l'aéroport - et le contrôleur a demandé aux passagers d'emprunter les autres portes pour descendre...

A Cagliari nous avons trouvé une grande ville du sud de l'Europe, avec notamment sur la place devant le port, de nombreux hommes, femmes et enfants noirs, visiblement installés en campement ici. Et comme à Marseille, ou encore à Strasbourg où j'ai le souvenir d'en avoir vu pour la première fois quand j'avais 7 ans, des hommes souvent noirs, grands et souriants, qui vendent toute sorte de choses, présentées sur un étal mobile plus ou moins grand ou même dans un sac. C'est de plus en plus à leur présence que je prends la mesure des villes : grandes et touristiques.

Nous avons passé un assez long moment sur cette place ombragée : j'avais un bon accès wifi pour rattraper tout mon retard de blog, et l'office de tourisme était en face, Sébastien est allé y chercher moult informations utiles. Par exemple le lieu et les horaires d'ouverture des bureaux pour l'achat de nos billets pour la Sicile !

Nous y sommes allés après "la siesta" - en Sardaigne, tout est fermé d'environ 13h à 17h, je ne sais plus si je l'ai déjà écrit -, enfin nous, nous n'avons pas fait la sieste : nous avons garé nos vélos sous vidéosurveillance collective et passante, comme toujours, et sommes montés à pied dans la vieille ville, par la tour de l'Eléphant.

J'ai passé pour ma part un mauvais moment à déambuler dans ces rues et ruelles. Pas un instant de répit, les voitures omniprésentes rendent l'espace bruyant et surtout en permanence menaçant, pour nous ou nos enfants, surtout que, bon, la conduite dans le sud de l'Europe n'est pas exactement à l'allemande, ce n'est pas parce qu'un feu est rouge qu'on s'arrête forcément pour laisser passer celui qui arrive en face dans le passage étroit d'une tour d'enceinte...

Quel plaisir de déambuler enfin dans des ruelles piétonnes, en remontant du port où nous avions pris nos billets pour Palerme ! Et nous y avons trouvé sans vraiment nous en rendre compte, et surtout sans le chercher, exactement ce que nous avions envie de trouver : un tout petit resto - fast-food local, à rayures bleues et blanches, proposant des produits de la mer ; et celle qui nous servait et préparait cela, à notre question a répondu avec une fierté simple et joyeuse : "la nostra barca !" en désignant au mur la photo d'un chalutier bleu. Nous avons lu sous la photo : c'est une famille de pêcheurs de père en fils depuis 6 génération, actuellement c'est son grand-père qui mène la barque, ils sont 7 à bord et si nous avons bien compris, pêchent tous les jours et nuits. Elle va toutes les nuits, à une heure du matin, récupérer au port une partie de la pêche, tandis que le reste est vendu en gros.

C'était un vrai repas complet de restaurant italien, avec primi piatti : spaghetti (bottarga avec quelques moules pour nous, pescatore pour les enfants) puis friture de calamars, crevettes et divers poissons ("mais, Maman, je n'aime pas le calamar !" m'a dit Clémence inquiète quand j'ai commandé.) petits ou plus gros. Et un dessert : une seada, comme à "Lu Furat" d'Alghero, une spécialité sarde. Tout le monde s'est régalé de bout en bout (il fallait voir Justine lécher son assiette de spaghetti jusqu'à la dernière miette !), et Clémence a précisé que "c'était trop, trop bon les anneaux de calamar !" Et nous, nous étions tellement émerveillés d'avoir trouvé sans l'avoir cherché, exactement ce que nous avions envie de manger et de faire découvrir à nos enfants... "Su scabecciu et sa frittura" a même son autocollant sur la malle, il est de travers : c'est Justine qui l'a collé. Très fière !


Notre jeune restauratrice de ce soir nous a aussi indiqué un parc, pas loin du centre, où nous pourrions planter la tente tranquilles. C'est en y arrivant, après une petite côte bien courte mais bien raide (comprendre : arrivé en haut, on s'arrête un peu pour reprendre son souffle !), que nous attirons l'attention de deux messieurs, nous sommes juste derrière leur voiture. Elégants et distingués, l'un d'eux parle anglais, il nous confirme qu'ici nous seront tranquilles. Quelques instants plus tard il revient vers nous : venez dans le jardin, vous y serez bien pour la nuit. Les matelas et la couette sont finalement installés dans la grande buanderie où nous a introduit Renato avec son fils Michelangelo ; la tente est restée pliée dans la malle cette nuit. Et je vais vite rejoindre tout ce petit monde endormi !