40km

Nous n'avons pas encore visité, mais nous sommes aux premières loges pour y aller demain ;) Bivouac urbain après avoir dîné dans l'aire de jeux proche : chou blanc, tranches de courgettes dorées façon Maria, pain de Pino, huile d'olive et ail en abondance... Ail rose de Nubia (aop), ville de la région.

Ce matin nous nous étions levés tôt : réveillés vers 7h. Mais le vent, lui, c'est vers 4h qu'il s'était levé. Pfou, au bout de 4,5km, je réclame une pause, là, le long du mur qui va nous abriter du vent deux minutes, Justine a besoin de quelque chose et je ne comprends rien avec ce vent qui me siffle devant les oreilles.

Un homme d'un certain âge nous aborde, il est très dur d'oreille mais lorsqu'il comprend que nous sommes français, il nous répond en très bon français ! Pino nous invite à venir faire le plein d'eau chez lui, quelques mètres plus haut ; il fait entrer Sébastien avec son vélo dans la petite cour carrelée, du coup j'entre aussi avec mon attelage. Pino (je ne parle pas du tandem, hein, mais bien de notre rencontre :) ) nous explique, après nous avoir attablés autour d'une corbeille de fruits et d'un sachet de biscuits de boulanger, qu'il a rendez-vous en ville, à Mazara, mais qu'il aimerait bien que nous soyons encore là à son retour. Du coup, nous demandons à sa femme Maria si nous pouvons prendre une douche, et lui empruntons un seau pour faire un brin de lessive.Il y a deux personnes qui travaillent à installer une alarme dans la maison, arrivés en même temps que nous ; l'un ne parle pas, l'autre a tendance à répéter plusieurs fois tout ce qu'il dit, "Prego prego prego prego".

Pino revient de la ville avec un grand sac de pain à notre intention ! Il nous donne aussi un sac de fruits. Nous mangeons tous ensemble "la pasta" à midi, servies (oui, en français c'est toujours pluriel alors qu'en italien c'est toujours singulier) juste à point avec huile d'olive et tranches de courgettes frites par Maria avec un peu d'ail, c'est simple et c'est délicieux. Pendant ce temps, on l'entend souffler et siffler, le vent travaille : notre linge est sec quand nous reprenons la route vers 15h. Pino a une cousine en Moselle, et de la famille aussi en banlieue de Marseille, leurs deux filles sont enseignantes à Milan où ils vivent aussi quand ils ne sont pas en Sicile, et ils ont 4 petites-filles : ils leur transmettront l'adresse de notre blog pour qu'elles aillent regarder sur Internet.

Le vent souffle toujours fort, c'est le sirocco nous dit-on au village suivant, où nous faisons une pause pour mettre le visage de Justine endormie à l'abri du soleil. A quelqu'un qui nous demande d'où nous venons en France, nous précisons "près des frontières suisse et allemande", il demande dans la foulée "Belfort ? Montbéliard ?" Nous sommes soufflés ! Du coup nous descendons de vélo et venons discuter un moment avec Pascual à la terrasse de ce café-glacier.

Et on finit par goûter un parfum local d'une spécialité italienne en version sicilienne : servies dans une brioche, de la glace à la pistache (pistaches cultivées en sicile) et de la "granita" (je crois) au citron, faite sur place, il y a plusieurs caisses de citrons qui attendent d'y passer dans le coin du café. Le tout servi dans une brioche, sorte de petit pain au lait rond, c'est sicilien ça :) Justine dort, nous mangeons cette brioche fourrée à 4 et c'est copieux.

On redémarre plus énergiques ! Le vent faiblit un peu, la route lui fait moins face. Il paraît que demain c'est le mistral qui arrive. En tout cas on roule un peu mieux, bientôt dépassés par un couple de touristes allemands avec qui nous avons échangé quelques mots en partant - attablés à côté, ils guetttaient notre départ pour nous prendre en photo.

Cette fois, on roule pour de bon ! Et finalement, 40km au compteur à la fin de la journée : nous sommes agréablement surpris. C'est que le vent était vraiment très fort et très de face !

Aujourd'hui nous avons vu des milliers d'oliviers, Baptiste dirait "des millions" et il aurait peut-être raison. Nous avons aussi vu notre premier verger d'amandiers ! Des vignes, parfois avec des fèves. Ainsi que, toujours, des vergers de citrons, couverts de fruits, et d'orangers dont le parfum flotte dans l'air, exquis et délicat. Et j'ai oublié d'en parler tout ce temps ! Le parfum des bugnes chez nous... Il vient très souvent caresser nos narines ici en Sicile.