Sur cette île où les Grecs situaient Héphaïstos, et les Romains leur dieu du feu Vulcain avec sa forge, nous nous attendions évidemment à une journée extraordinaire, à des moments inoubliables, à vivre quelque chose de particulièrement exceptionnel. Et ça l'a bien été ! Mais il y a eu encore beaucoup plus :)

Réveil à cinq heures pour les parents qui rangent, Clémence très enthousiaste à l'idée d'aller sur le volcan aujourd'hui, s'est réveillée joyeusement. Nous avons entendu les oiseaux se mettre à chanter ! Bivouac plié en un temps record, il n'était pas tout à fait 6 heures quand nous avons démarré et fait le plein d'eau à la fontaine en-dessous de laquelle nous avions bivouaqué sans la voir. Baptiste se réveillait doucement dans le siège.

Nous sommes allés acheter les billets pour nos vélos. En passant devant les parkings où nous étions allés hier nous renseigner pour éventuellement les laisser la journée, nous avons pu constater qu'à 6h15 tout était encore fermé : nous étions bien contents d'avoir décidé d'embarquer "au complet" ! Car il aurait fallu compter le temps de déposer les vélos, puis d'aller à pied à l'embarquement où nous devions nous présenter à 6h30. Et aux deux parkings on nous affirmait que ce serait ouvert avant 6h...

A l'embarquement, on nous a fait mettre nos montures à leur place désormais habituelle dans les ferries : à gauche en entrant.

Sacrée organisation ici ; le même ferry dessert plusieurs îles, débarquant et réembarquant à chaque escale des passagers, véhicules et parfois cargaisons, manipulées à pied avec un diable, ou déposées puis récupérées par un de ces petits camions-triporteurs "Piaggio" qu'on voit partout ici en Sicile.

Affichées dans le ferry, des photos des îles Eoliennes. Magnifiques ! Après avoir observé les manoeuvres de départ du port, on a profité d'une table pour jouer aux cartes, et des fauteuils pour se reposer un peu. Et d'une prise électrique pour charger mon téléphone.

EnroutepourVulcano

Les îles sont apparues, Vulcano la plus proche, derrière elle Lipari, qui masquait en partie Salina. Et les autres, plus petites... Et là-bas, au loin, le gros cône avec un peu de fumée qui n'a pas la même couleur que les nuages : le Stromboli... Dehors, déjà, ça sent l'oeuf : il y a du soufre à Vulcano.

Très grosse émotion, à l'approche de l'île, à la vue des voiliers à l'ancre dans la baie... Je n'ai pas toujours suivi en détail les voyages en bateau de mes beaux-parents, mais cette étape-là, Vulcano, je m'en souviens vraiment très bien, l'odeur, le cratère, les fumeroles avec un mouchoir sur le nez, le bain de boue... Tout cela raconté au téléphone par Catherine,tandis que je regardais sur la carte d'Europe dans la cuisine où étaient ces îles Eoliennes...

Débarquement, le temps de regarder un peu le plan de l'île, et le ferry repart déjà avec ses nouveaux passagers.

Non loin de la montée au cratère, vers laquelle se dirigent de nombreux autres touristes, nous laissons nos vélos sur le parking du garagiste qui nous indique un emplacement. On se charge au minimum : sac à dos, polaires, eau, et des fruits. Sur le chemin qui monte à flan, on entend parler français, allemand, italien, russe... Le sol autour de nous change à mesure que nous montons, devenant assez vite dénué de toute végétation : un environnement purement minéral.

Cl&JmontentVulc

Nous voilà en haut, devant nous le cratère, d'un côté jaune de soufre, dans le secteur d'où s'échappent les fumeroles, blanches, qui changent de direction suivant le vent. Nous allons nous asseoir au bord de la petite plateforme carrée pour une pause tétée, pommes, photos... Sébastien qui reculait pour chercher le bon cadrage, est bien embêté : au bruit qu'on vient d'entendre, peut-être bien qu'il a abîmé le bâton de bambou ou roseau sur lequel il vient de buter...

cratere

Une voix l'interpelle : "Sébastien, enfin, si tu commences à casser le matériel des autres !" Difficile d'en croire nos oreilles et nos yeux. Mais c'est pourtant bien vrai : Etienne et Armelle, nos amis belfortains, sont là ! Venus passer une semaine à la découverte des îles Eoliennes, ils découvrent aujourd'hui Vulcano, comme nous. Et sont aussi ahuris et heureux que nous, manifestement, de cette rencontre inattendue au sommet. Petite pause fruits frais, fruits secs, nous entamons ensemble le tour du cratère.

craterenous7

Par la gauche : les fumeroles en premier. Chacun un mouchoir ou autre linge sur le nez - pour les enfants, c'est leur cagoule placée en cache-nez.
fumeroles Mais les fumeroles, ce n'est pas seulement visuel (fumée blanche), odorant (le jaune d'oeuf dur) et irritant (éviter de respirer par la bouche, et ne pas s'y attarder) : c'est chaud, aussi. Et Clémence hurle au passage, ça l'a brûlée à la cheville. C'est vrai que nous ne sommes pas en chaussures de marche, mais en sandales, et par endroit c'est chaud, la fumée ou même juste le sol. Justine était déjà sur mon dos pour franchir cette zone, cagoule sur le nez ; Etienne propose à Clémence de monter sur ses épaules, Sébastien a déjà Baptiste sur les siennes : même sans vélos chargés, nous sommes en convoi extraordinaire au sommet du volcan ! :)

surlesepaules

Là d'où sortent les fumeroles, on voit des cristaux jaunes... C'est beau, étonnant... La vue sur les alentours, comment vous la décrire ? Lorsque nous regardons l'île de Lipari toute proche, Salina n'est pas loin, sur la gauche. On voit à droite Panarea et les petites îles environnantes, et plus loin, le Stromboli, "en chapeau chinois" comme dit Clémence. Sur la gauche on aperçoit aussi Filicudi et, au-delà, Alicudi. Toutes ces îles sont volcaniques : quelles silhouettes ! Et pour couronner tout cela, an arrivant au point le plus haut au-dessus du cratère, on découvre l'Etna, sa face nord bien plus enneigée que le versant sud que nous avions vu depuis la plaine de Catane.

Etienne et Armelle avaient prévu de pique-niquer ici, profitant de la vue. Nous n'avons pas grand-chose à partager... Ils nous invitent cependant, et divisent en 7 ce qui était prévu pour 2 ! Heureusement ils avaient vu large, comme nous avons aimé ce moment ensemble !

picnicvuestromboli
(Au fond, le Stromboli)


descente
tourducratere
descente de dos

Nous sommes redescendus, avons récupéré nos vélos, et sommes allés ensemble au bain de boue - seule Clémence n'a pas voulu y mettre les pieds, "ça sent trop mauvais" (mais elle était à côté et ça sentait pareil ;) ) - et dans la mer à proximité : ça bouillonne chaud par endroits, dans la mer froide : extraordinaire ! Des jacuzzis en pleine nature... Mais gare aux mains, aux pieds, à tout ce qu'on met en contact avec le sol : ça ne sort pas toujours du même endroit, et à l'instant où ça jaillit du sol, c'est vraiment brûlant.

Grâce à Etienne qui a testé la douche et a à peine eu le temps de se rincer, nous y allons en trio avec Armelle. Et avec un jeton pour se mouiller, un pour se rincer les cheveux, un pour se rincer le corps, à tour de rôle pour chaque étape, un sous l'eau pendant que les autres se savonnent, c'est parfait avec 3 jetons pour 3 + Justine. Mais à un chacun on n'y serait pas arrivés. Et nous qui ne pourrons pas nous redoucher ce soir à l'hôtel, nous apprécions d'être bien propres !

Au port nous prenons notre billet retour pour Milazzo, il nous reste juste le temps de partager quelques-uns de nos trésors avec nos amis qui, eux, retournent à Lipari : on déguste ensemble quelques olives d'Antonio, que nous avons assaisonnées chez Dino (huile d'olive, ail, romarin, laurier, un peu de piment) et qui sont moins amères ainsi ; on croque le chou-fleur qu'on n'avait pas à midi. Armelle et Etienne auront des carottes et un cédrat pour leur prochain pique-nique, à défaut de les avoir mangés ensemble aujourd'hui.

Quelques instants de conversation, au passage, avec Lydie la Vosgienne dans les bouillons maritimes, et avec Catherine et Nicole les Québécoises, qui préféreront peut-être Mazara à Marsala en pensant à nous...

Nous quittons l'île, heureux, remplis de tout ce que nous y avons vu, trouvé, vécu. L'attendu comme l'inattendu. Sur le ferry nous regardons longuement la vue aérienne du cratère de Vulcano repérée ce matin, reconnaissant chemin et paysages...

(Au milieu, le Stromboli)
retour&stromboli

A Milazzo nous retournons directement au même bivouac.