(30km - entre Ruvo et Trani)

Journée fruits. Les fioroni, ces figues qui n'en sont pas, nous ont dit Marina et Roberto dimanche dernier, à présent en pleine saison ; des cerises, les dernières qui s'abîment sur quelques branches dans des vergers déjà ramassés ; "voulez vous des prunes ?" a proposé Carlo . "Ces fraises à peine cueillies sont pour vous, si vous les aimez" nous a dit Antonia. Revenant des vestiges du dolmen fléché, je faisais halte au bord de la route à la demande de Baptiste essoufflé, qui courait à côté de moi : nous nous sommes trouvés devant cette voiture arrêtée. Les oliviers, là, et le prunier, tout était à son père Giovanni, nous a dit Antonia. Ainsi que les fraises, non traitées, fait toujours souligné avec une humble fierté. Giovanni qui nous a indiqué comment aller à l'autre dolmen proche, plus beau, mieux conservé. "Nous irons demain matin, a indiqué Sébastien, il est trop tard pour ce soir." Alors Antonia, marchant devant le tandem avec Baptiste, nous a conduits à l'exploitation de son père, à deux pas, tandis que ce dernier suivait près de moi, Carlo fermant la marche au volant de la voiture. Giovanni cultive des fleurs, nous avons pu voir des roses splendides, de ces grands calices blancs aussi dont le nom français m'échappe... Nous avons été conviés à installer la tente sur la terrasse couverte, avec lumière et électricité.

Précieuse électricité ! Nous venons de séjourner à la ferme Poggia Ferata, petite exploitation familiale en bio/permaculture où Valentine est installée dans une petite maison avec son mari et leur petite fille de deux ans, à côté de la maison de ses beaux-parents, et de celle de sa belle-soeur. Nous sommes arrivés trempés dans ce havre paisible - enfin pas si paisible à ce moment-là : l'orage que nous avions entendu, et qui nous avait rincés, avait aussi sévi ici. Le tableau électrique général des lieux avait fondu, il n'en restait qu'une épouvantable odeur de brûlé... et quelques centimètres cubes de matières carbonisées au fond du placard électrique.

Ce furent donc des soirées à la bougie et, pour nous à l'arrivée, une douche froide : notre première "coldshower" chez un "warmshower"! En effet Valentine, qui a fait une fois à velo le trajet de chez elle, en Provence, jusqu'ici, est inscrite sur ce réseau. D'accord pour nous accueillir, elle nous a donné l'occasion de passer dans le Parc national de Haute Murgia, dans lequel se trouve la ferme. Nous avons traversé des hectares et des hectares de vergers d'amandiers, également quelques vergers de figuiers, toujours des oliviers, des bouts de pinèdes, mais aussi du terrain sans arbres, où seuls quelques arbrisseaux ponctuent les étendues d'herbe jaunie, et où l'on pense aux vents qui doivent balayer parfois impitoyablement de tels territoires, et au soleil dont aucune ombre nul part ne protège...