Être rentré, ça fait quoi ? J'y reflechissais ces jours, qu'est ce qui change le plus entre la vie en voyage et être à la maison ?

Il y a le confort, bien sûr. Une chaise ou un fauteuil quand on veut s'asseoir, de l'eau chaude et tour ce qu'il faut pour faire de la vaisselle un moment de plaisir (moi qui détestais ça voilà quelques années !), une douche à l'eau chaude quand je veux, une serviette moelleuse et même un peignoir pour m'envelopper dedans, des toilettes ou un pot à portée de chacun : pas de doute, on apprécie les commodités.

Mais j'ai l'impression que c'est bien loin de ça que se situe l'immense différence entre notre itinérance et la re-sedentarisation. En voyage, nous ne savions jamais de quoi demain serait fait. Ni demain, ni même tout à l'heure. On ne savait pas à quoi ressemblerait la route, quels seraient les paysages, qui on rencontrerait. Et on savait qu'on ne savait pas, on avait bien intégré cette composante essentielle : l'imprévu et l'imprévisible représentaient peut être 95% de notre ordinaire !

Rentrer, c'est voir cette part réduire a 5% peut être, et encore, si on fait un effort pour que ce ne soit pas moins. Je crois que ce que j'appréhende, ce n'est pas tant de retrouver des semaines rythmées par les activités hebdomadaires, mais de laisser ces rythmes envahir et dominer tout. Que l'imprévu n'ait plus la place de s'inviter, se proposer ou s'imposer, enfin : d'exister dans nos existences trop bien réglées.