39km Clémence 3.

Nous sommes rentrés sous la tente, et il s'est mis à pleuvoir fort ! Sébastien a juste eu le temps de revenir de sa baignade dans le Danube à la nuit tombante. Il s'est glissé sous l'auvent au moment où l'orage qu'on avait vu zébrer et entendu gronder sur l'autre rive, arrivait sur nous. Au moins, le vent qui s'est mis à tournoyer vers la tente a eu le mérite de permettre à Sébastien de se sécher sans moustiques ! Ils étaient fous furieux ce soir, peut-être pire encore qu'hier soir dans le petit parc de Medvedov - Baptiste en a gardé une douzaine de piqûres sur quelques centimètres carrés au milieu du front... Ce soir Sébastien a le même trophée sur le haut de la cuisse... de véritables bêtes féroces assoiffées de sang. Pour l'heure, ça tonne très fort et il y a des eclairs !

Nous étions installés depuis peu sur notre lieu de bivouac, tente plantée, bois rassemblé en vue d'un feu, trou en cours de creusement pour faire ledit feu, quand est arrivé un homme en quad. J'étais affairée dans la tente avec les matelas, j'ai écouté un peu avant de sortir...

Bon, comme souvent, très souvent depuis que nous avons quitté l'Autriche et la capitale slovaque, nous étions douloureusement confrontés à la barrière de la langue... pourtant notre visiteur pouvait s'exprimer en slovaque, en hongrois et en tchèque ! 6 langues à nous tous, et pas une en commun, dur ! Finalement, il a trouvé quelques mots d'allemand qui ont servi de support à notre communication :) Il était très motivé pour communiquer, ça c'était chouette. Sébastien a en premier lieu demandé si notre bivouac ne dérangeait pas - visiblement non. Il s'est enquis du temps que nous voulions passer là, si nous comptions rester plusieurs jours. Il a trouvé que les enfants avaient l'air heureux - à ce moment-là, ils étaient tous les deux sur la draisienne et faisaient "vroum, vroum !", nous a avertis qu'après le pont tout proche de Komarno, il n'y en aurait pas pendant 50 km, jusqu'à Esztergom. Et nous a appris qu'on pouvait se passer du citron sur la peau pour se protéger un peu des moustiques ! On a testé sur-le-champ, et c'est vrai que j'ai été nettement moins harcelée. Nous avons profité de la conversation pour apprendre un mot : most = pont. Hier nous avons appris : voda = eau. Nous l'avions tous deux su un jour, lointain souvenir... IMG_20130517_183820.jpg

Nous nous sommes dit au revoir avec le mot le plus universel que je connaisse pour le moment : ciao ! Celui-ci, nous l'avons entendu dans tous les pays par lesquels nous sommes passés depuis le début de notre voyage.

Sébastien venait de démarrer le feu quand on a vu revenir le quad : notre visiteur revenait, accompagné cette fois de son fils, âgé d'une quinzaine d'annees et parlant un peu anglais. Et tenant dans ses mains un sachet de bonbons et biscuits, et deux petites abeilles en peluche ! Il a offert tout cela aux enfants ravis, ils ont beaucoup joué ce soir avec leurs nouveaux doudous.

Comme nous l'avions demandé à son père, nous avons demandé au fils s'il avait Internet ; lui a répondu par l'affirmative. Nous lui avons donc donné un petit "papillon" avec l'adresse du blog, et nos prénoms - l'occasion pour tous de se présenter, et Viktor a traduit pour son père Joseph, que ce prénom était aussi celui d'aïeux chez nous (Je crois que Sébastien et moi avons tous les deux grandis en entendant nos parents parler de "Grand-père Joseph", non ?). Ils sont repartis après une photo et après avoir demandé si nous n'avions besoin de rien - d'eau notamment. Cette rencontre nous a vraiment mis du baume au coeur !

A part ça, aujourd'hui nous avons commencé la journée sur un beau goudron bien lisse là où la carte indiquait un segment non revêtu. Pour découvrir un peu plus loin un très mauvais chemin à petits cailloux alors que, d'après la carte, à cet endroit-là la veloroute était goudronnée... Bon, bref, nous l'avons quitté au moment où une averse nous a poussés sous le couvert des arbres pour mettre nos vêtements de pluie, rejoignant la route du coin qui serpentait de bourgade en bourgade. L'occasion de trouver un petit supermarché où compléter nos victuailles - flocons d'avoine, bananes et de petites clémentines que les enfants ont englouties comme des friandises ! On est de suite retournés en prendre quelques-unes avant de redémarrer :)

Bon, les routes d'ici ressemblent à celles de chez nous, avec leurs lignes droites et leurs virages, leurs arbres tous les 4 ou 5 mètres - des noyers surtout ici, leurs accotements pas toujours stabilisés, leurs voitures qui parfois vont vite, leurs pierres tombales fleuries, leurs animaux morts...

Peu après 13h, arrivant dans un village, nous voulions y chercher une aire de jeux ou un abri pour déjeuner - le ciel était menaçant. Nous avons vite été abordé par une dame qui voulait visiblement que nous devenions ses clients, on voyait le panneau "Zimmer frei" et elle disait et redisait avec insistance qu'on pouvait venir pour manger, ou pour boire un café... Nous nous sommes éloignés, et finalement nous avons trouvé pour seul abri une table en bois hexagonale entouree d'un banc et couverte d'un toit, où nous avons pris un déjeuner éclair, "à la sauvette" en partant vite à 14h juste quand la boutique rouvrait !

Hier nous n'avons rencontré personne à vélo, aujourd'hui nous avons croisé un couple aux vélos bien chargés, des tchèques ne parlant aucune langue en commun avec nous, ce fut court... Puis, plus tard, nous avons été rattrapés par un couple anglo-néerlandais, Esmeralda et son compagnon sont partis du nord des Pays-bas il y a 22 jours, et vont jusqu'a Budapest où lui doit travailler - son contrat commence dans quelques jours...

Ce soir, chouette bivouac, à part les moustiques en armée nombreuse et feroce nous avons un bon accès au Danube, et le feu a cuit nos patates et grillé maïs et saucisses :) Ce menu-là est toujours un franc succès !