Les petits sauts de puces... ...font les grands voyages !

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vendredi 1 avril 2016

A bord du Dimonios

Une dizaine de km à vélo, marche à pied...

A 8h30 nous avons vu arriver avec un plateau chargé de café et de lait Valentina, femme vive et gaie au service du Doctor S., cet homme élégant qui nous avait ouvert hier soir les portes de sa propriété. Nous avons été invités à nous doucher, à faire une lessive programme ultra rapide, à aller visiter l'église toute proche pendant ce temps... Une matinée ponctuée de petits temps d'échange avec Valentina, qui a notamment donné une balle de tennis aux enfants ravis.

Nous avons commencé à prendre la direction de la plage, à l'est du centre, mais il faisait plutôt frais et nous avons préféré l'option musée. Au passage nous avons néanmoins fait un tour dans un marché couvert du quartier populaire que nous avions atteint ; nous voulions du pain artisanal, pour ce soir sur le ferry.

Le premier étal de boulangerie que nous avons vus ne nous a pas inspirés... Un autre beaucoup plus ! Le temps qu'on discute de ce qu'on allait prendre, une dame était servie devant nous, attachée à l'entretien des lieux apparemment. Elle se tourne vers nous et nous tend le sachet qu'elle vient d'acquérir, per le bambini, sono tanto bellissimi !

Elle avait été servie par la femme du boulanger, voilà l'artisan qui arrive et partage entre les enfants, déjà munis chacun d'un biscuit, un de ses petits pains blancs moelleux !

Le pain que nous avions repéré était un pain "de gran duro ", c'est à dire du blé dur qui est moulu en semoule, quand le froment moulu est de la farine. Cuit au four à bois, con levitazione naturale... Comme le boulanger était fier de son travail, de son pain ! Une fierté joyeuse et noble similaire à celle hier de la jeune femme des poissons et fruits de mer.

Nous sommes allés au Musée archéologique ! Nous voulions en savoir plus sur les nuraghe et cette civilisation nuragique. Nous sommes très heureux d'en savoir enfin plus sur cette culture de l'Age de Bronze qui a laissé sur tout le territoire sarde les vestiges notamment de hautes et massives tours de pierres sèches... mais également de nombreuses figurines de bronze, sculptures en pierre... datant d environ 1600 à 500 avant notre ère.

A l'embarcadère, on a suivi un peu perplexes la consigne que nous a donné celui qui filtrait les voitures, d'aller avec les piétons. On a franchement rigolé en voyant le dispositif de passage des piétons : genre aéroport, valises et effets personnels passant sur un tapis roulant avec scanner, et portique détecteur de métaux. Celui qui gérait le passage ici nous a confirmé que ce n'était pas le bon endroit pour nous, retour à la grille d'entrée, le premier n'était pas content de nous revoir ! Mais nous lui avons joyeusement expliqué avec nos trois mots d'italien, et nous avons embarqué par l'accès voitures, comme dans les précédents ferries. C'était un épisode bien rigolo :-)

Notre cabine est plus spacieuse qu'à bord du Monte d'Oro, sous la fenêtre il y a un petit bureau et une chaise, les couchettes sont plus larges, et nous disposons d'une salle d'eau complète avec lavabo, toilettes et douche. Pratique, agréable, confortable !

Nous descendons au pont 5. C'est là que se trouvent tables, fauteuils, banquettes et snack ; il y a aussi un restaurant de type self, apparemment boudé, d'après ce que m'a dit Sébastien qui l'a vu désert et rapidement fermé. Nous trouvons une grande table libre, et en profitons pour jouer aux cartes, comme ce couple de voyageurs à la première table ! Puis nous mangeons, Baptiste et Justine dessinent, Clémence lit pendant que nous préparons. Il est un peu tard quand on monte se coucher, mais c'est qu'on a bien aimé avoir une grande table :)

jeudi 31 mars 2016

Cagliari

A vélo, 3km ! En train une soixantaine,
à pied un certain nombre.

A notre réveil en face de la gare, le parking hier désert (peut-être 5 voitures...) semble complet, il y a là des dizaines de véhicules, une bonne centaine sans doute ! Ca ne nous a pas empêché de dormir ;)

Nous avons pris les billets pour nous 5 et nos 2 vélos (ici, ils payent), nous avons discuté un moment avec Gigi qui nous avait abordé, il vient de Cagliari enseigner l'histoire et la géographie ici à San Gavino, et nous a expliqué que cette petite ville était la "capitale" du safran, "l'or rouge de Sardaigne". Il paraît que les champs mauves en novembre sont magnifiques... Il faut 200 fleurs (qui ressemblent aux colchiques) pour produire 1g de safran... ce sont les "stigmi" (pistils ?) de la fleur que l'on récolte.

Puis nous sommes allés sur le quai 4, utilisant avec un plaisir intense les très confortables (et longues) rampes d'accès : comme on aimerait avoir les mêmes à Belfort !!! Puis nous avons attendu le train, qui arrivait quelques minutes plus tard.

On a cherché le logo vélo, on ne l'a pas vu, on a regardé la configuration, deux portes de part et d'autre d'un poteau, 3 marches, ... On a vu le contrôleur, et on est restés sur le quai. On ne le sentait pas du tout, pas le temps d'alléger les vélos pour tout monter, on s'est dit qu'on prendrait le suivant.

Le suivant ne se présentait pas tellement mieux, c'était même plutôt moins bien en matière de configuration, porte pas vraiment plus large, espace accessible très restreint - mais un contrôleur bienveillant et volontaire qui nous a aidés à rentrer tout le barda dans le train au plus vite. Il ne marquait qu'un seul arrêt - à l'aéroport - et le contrôleur a demandé aux passagers d'emprunter les autres portes pour descendre...

A Cagliari nous avons trouvé une grande ville du sud de l'Europe, avec notamment sur la place devant le port, de nombreux hommes, femmes et enfants noirs, visiblement installés en campement ici. Et comme à Marseille, ou encore à Strasbourg où j'ai le souvenir d'en avoir vu pour la première fois quand j'avais 7 ans, des hommes souvent noirs, grands et souriants, qui vendent toute sorte de choses, présentées sur un étal mobile plus ou moins grand ou même dans un sac. C'est de plus en plus à leur présence que je prends la mesure des villes : grandes et touristiques.

Nous avons passé un assez long moment sur cette place ombragée : j'avais un bon accès wifi pour rattraper tout mon retard de blog, et l'office de tourisme était en face, Sébastien est allé y chercher moult informations utiles. Par exemple le lieu et les horaires d'ouverture des bureaux pour l'achat de nos billets pour la Sicile !

Nous y sommes allés après "la siesta" - en Sardaigne, tout est fermé d'environ 13h à 17h, je ne sais plus si je l'ai déjà écrit -, enfin nous, nous n'avons pas fait la sieste : nous avons garé nos vélos sous vidéosurveillance collective et passante, comme toujours, et sommes montés à pied dans la vieille ville, par la tour de l'Eléphant.

J'ai passé pour ma part un mauvais moment à déambuler dans ces rues et ruelles. Pas un instant de répit, les voitures omniprésentes rendent l'espace bruyant et surtout en permanence menaçant, pour nous ou nos enfants, surtout que, bon, la conduite dans le sud de l'Europe n'est pas exactement à l'allemande, ce n'est pas parce qu'un feu est rouge qu'on s'arrête forcément pour laisser passer celui qui arrive en face dans le passage étroit d'une tour d'enceinte...

Quel plaisir de déambuler enfin dans des ruelles piétonnes, en remontant du port où nous avions pris nos billets pour Palerme ! Et nous y avons trouvé sans vraiment nous en rendre compte, et surtout sans le chercher, exactement ce que nous avions envie de trouver : un tout petit resto - fast-food local, à rayures bleues et blanches, proposant des produits de la mer ; et celle qui nous servait et préparait cela, à notre question a répondu avec une fierté simple et joyeuse : "la nostra barca !" en désignant au mur la photo d'un chalutier bleu. Nous avons lu sous la photo : c'est une famille de pêcheurs de père en fils depuis 6 génération, actuellement c'est son grand-père qui mène la barque, ils sont 7 à bord et si nous avons bien compris, pêchent tous les jours et nuits. Elle va toutes les nuits, à une heure du matin, récupérer au port une partie de la pêche, tandis que le reste est vendu en gros.

C'était un vrai repas complet de restaurant italien, avec primi piatti : spaghetti (bottarga avec quelques moules pour nous, pescatore pour les enfants) puis friture de calamars, crevettes et divers poissons ("mais, Maman, je n'aime pas le calamar !" m'a dit Clémence inquiète quand j'ai commandé.) petits ou plus gros. Et un dessert : une seada, comme à "Lu Furat" d'Alghero, une spécialité sarde. Tout le monde s'est régalé de bout en bout (il fallait voir Justine lécher son assiette de spaghetti jusqu'à la dernière miette !), et Clémence a précisé que "c'était trop, trop bon les anneaux de calamar !" Et nous, nous étions tellement émerveillés d'avoir trouvé sans l'avoir cherché, exactement ce que nous avions envie de manger et de faire découvrir à nos enfants... "Su scabecciu et sa frittura" a même son autocollant sur la malle, il est de travers : c'est Justine qui l'a collé. Très fière !


Notre jeune restauratrice de ce soir nous a aussi indiqué un parc, pas loin du centre, où nous pourrions planter la tente tranquilles. C'est en y arrivant, après une petite côte bien courte mais bien raide (comprendre : arrivé en haut, on s'arrête un peu pour reprendre son souffle !), que nous attirons l'attention de deux messieurs, nous sommes juste derrière leur voiture. Elégants et distingués, l'un d'eux parle anglais, il nous confirme qu'ici nous seront tranquilles. Quelques instants plus tard il revient vers nous : venez dans le jardin, vous y serez bien pour la nuit. Les matelas et la couette sont finalement installés dans la grande buanderie où nous a introduit Renato avec son fils Michelangelo ; la tente est restée pliée dans la malle cette nuit. Et je vais vite rejoindre tout ce petit monde endormi !

Mise en ligne

Bonjour ! Je viens de mettre en ligne plusieurs articles, datés à partir du 25 mars (donc avant certains déjà mis en ligne) Le plus ancien de la série :Bosa (25 mars), en dessous de deux billets mis en ligne précédemment...

Nous guettons toujours impatiemment vos commentaires, que nous découvrons joyeusement au gré des accès wifi :-) (L'abus de commentaires ne nuit pas ;-) )

Nous sommes à Cagliari et pensons prendre demain un ferry pour la Sicile.

mercredi 30 mars 2016

San Gavino Monreale

59km

En suivant un panneau "Lidl" à l'entrée de San Gavino, au lieu de prendre la route que nous avions repérée sur la carte et qui était indiquée tout de suite à droite, nous avons traversé toute l'agglomération, c'était long... Et nous voilà devant une gare ultramoderne. Il y a des trains pour Cagliari. Des rampes d'accès à tous les quais. Et des trains accessibles aux vélos toutes les heures. Eh bien nous en prendrons un sans doute : une idée de Sébastien pour éviter le vent qui souffle actuellement de face, et pour rendre plus sympa une approche qui, par les différentes routes, s'annonçait pénible.

Bivouac rustique à proximité immédiate de la gare, après avoir fait le plein d'oranges et quelques citrons.

En fin d'après midi, longue pause détente, soleil et popote dans un parc, avec de belles aires de jeux, ombre et soleil, de l'eau ; nous cuisons notamment les artichauts restant, chou blanc en entrée, petits biscuits apero, les enfants exultent !

Clémence était triste par contre d'avoir perdu son serre tête... Sans doute en quittant Arborea, ville construite sur les marais par Mussolini, près de laquelle nous avons pu apercevoir des flamants roses et de nombreux petits échassiers.

Et où, à la sortie du tout petit marché où nous venions d'acheter quelques oranges, une dame complètement sous le charme de nos enfants, leur a offert des bananes et des pommes ! Les fruits qu'ils nous avaient réclamés peu avant :-)

mardi 29 mars 2016

Oristano

50km (dont une 15aine en déambulant dans la ville)

Au menu du jour, San Salvatore, San Giovanni di Sinis, Tharros avec visite guidée, plage au soleil doux et artichauts ! Nous avons traversé de très nombreux champs d'artichauts, et certains étant dans un état manifeste d'abandon, nous en avons pris quelques uns. À part à l'époque où Papa en avait dans son jardin à Vaugris, je n'en ai certainement jamais mangé d'aussi frais !! Coupant les feuilles pour cuire les fonds, nous avons même dégusté crus les coeurs des feuilles... Miam :-)

Tharros, phénicienne puis carthaginoise, devenue romaine, attaquée par les Vandales, vaincus par les byzantins... Finalement la ville, trop exposée aux attaques venues de la mer, a été abandonnée autour de 1000 de notre ère. Des matériaux ont été réutilisés... mais la ville a été recouverte sous la terre et la végétation qui en dissimule encore les deux tiers, conservant une grande partie des vestiges jusqu'au vingtième siècle ! Notamment le système d'égouts avec conduites entre les maisons rejoignant une rigole au milieu de chaque rue, dissimulée sous un dallage épais (10-15cm) de grandes dalles de basalte. Grandiose.

Repas en haut de la plage, puis on installe les enfants bien douillettement pour qu'ils puissent s'endormir sur les vélos : nous progressons ainsi au crépuscule puis, en habit de sapins de Noël, à la nuit tombée.

Bivouac rustique à la sortie de la ville : tente mais pas de matelas, couette et duvet sur la couverture à pique-nique. Cela permet de s'installer plus vite (pas besoin d'attendre que les matelas se gonflent), et de ranger plus rapidement aussi.

lundi 28 mars 2016

Non loin de Riola Sardo

39km

On a un peu pas pris tout à fait la bonne route pour quitter Scano... Le vallon est magnifique, il y a même quelques oranges à ramasser au pied d'un oranger, derrière une petite maison abandonnée. Mais on pousse vaillamment, les dix bras sont de la partie ! Nous récoltons aussi des oignons sauvages, plante que nous avons repérée pour la première peu avant d'arriver à Scano, et dont Katarina nous a enseigné le nom, la manière de récolter et le mode de préparation et utilisation. En échange nous lui avons fait découvrir les blettes sauvages :-)

Les pentes sont beaucoup moins fortes sur la route par laquelle nous rejoignons la côte, que sur la plupart de celles que nous avons empruntées depuis notre arrivée sur l'île ; quelques montées, aux pourcentages raisonnables, et surtout des descentes, dont une longue ligne droite.

Nous avons étudié sur la carte, le parcours que tu nous proposais Alain ; et nous avons hésité. Mais nous sommes aussi un peu las des pentes fortes, et n'avons pas trop envie d'aller nous mesurer à des montagnes plus hautes et plus profondes que celles qui nous ont déjà mis à l'épreuve. Alors nous avons continué de faire route vers le sud. Nous projetons de prendre à Cagliari un ferry pour la Sicile.

Sur la côte la circulation est très dense, et on sent des conducteurs nerveux ; nous discutons un moment avec Michèle (elle, parisienne) et Michele (lui, sarde)(prononcer "mikééélé"),

qui outre des indications sur les lieux à voir dans la région, attirent notre attention sur le fait qu'en ce lundi de Pâques, il y a sur la route des gens qui ont bu... Nous nous rappelons la nervosité que nous avons parfois perçue, qui peut bien être de cet ordre en effet.

Pas très longtemps après, il y a un "PAF" derrière moi entre deux voitures... Rien de grave pour les voitures et rien du tout pour nous, qu'une bonne frayeur quand même. Ça rappellera peut-être à Figolu un passage sur une autre île, française celle-là, que la twingo n'avait pas aimé...

Il y a dans le champ à gauche un beau nuraghe, tour ronde de grosses pierres sèches, entourée d'autres structures de pierre, et de mystère : on n'avait jamais entendu parler de la civilisation nuragique avant la présentation de la nécropole Anghelu Ruju près d'Alghero, et nous savons pas encore grand chose, sinon qu'elle est ancienne... On fait le tour de l'édifice, entre le figuier et le figuier de Barbarie on trouve l'entrée. Je vais chercher les frontales aux vélos...

La frontale allumée n'entame pas les ténèbres épaisses de la tour !! Finalement on y voit un peu en éclairant au ras des parois. Vers l'entrée, une cavité à droite au ras du sol ; à l'intérieur, à droite et en vis-à-vis à gauche, deux volumes bas mais de taille notoire (peut-être 2m de diamètre). Quant à la pièce principale, elle est grande et haute. Contents d'avoir pu explorer une de ces tours !

Nous quittons quelque temps après la route principale avec joie, même si la circulation était déjà moins dense : nous nous engageons sur une péninsule au bout de laquelle se trouvent les vestiges de Tharros, ville fondée par les Phéniciens quelques siècles avant notre ère. Bivouac calme et plat dans un pré, avec des blettes au menu : on ne s'en lasse pas :-)

Nous lisons toujours vos commentaires avec attention, intérêt et joie ! Et vous remercions de nous laisser ces traces de votre lecture, qui toujours nous font chaud au coeur.

Pour les photos hélas, j'ai cru comprendre que suite à une évolution de la base dotclear mon interface était devenue désuète, et je ne peux hélas pas régler le problème, en tout cas pas en voyage...

non loin de Riola Sardo

dimanche 27 mars 2016

Pâques et Lu Furat

A notre retour de la messe de Pâques nous nous connectons à Internet, nous regardons les derniers commentaires sur le blog (sous l'article Tottubella)... Sans le savoir nous l'avions pressenti, un coup d'oeil au ticket de caisse vient de nous le confirmer : parmi les innombrables pizzerias d'Alghero nous avons choisi la bonne : nous étions à Lu Furat...

La Providence oeuvre toujours !!!!!

Bon voyage aux antipodes Papi François, et joyeuses Pâques à tous ! De Scane di Montiferro où nous avons suivi la procession, la messe, puis peint des oeufs durs et fait une chasse aux oeufs avec notre hôtesse Katarina !

samedi 26 mars 2016

Scano di Montiferro

26 km

Going back to Bosa this morning to get some water, we saw a heavy loaded tandem coming to us: Chloe and William, british travelers going tonight... to the same place than we do!

A day with molto italiano, du français but surtout a lot of english!!! Clémence m'a dit l'oeil rieur "je ne savais pas qu'on était venu en Italie pour parler anglais !"

vendredi 25 mars 2016

Bosa

45km, laborieux !

On démarre, et ça monte ! Et ça monte encore... Et ça continue de monter. Et toujours... C dur. Entrecoupé de descentes raides.Les pauses s'enchaînent + vite que les kilomètres. C'est moyen pour le moral... En plus on s'est couchés tard : l'ambiance est assez électrique. Il y a au moins une chose sur laquelle tt le monde est d'accord : la vue est magnifique, sur la mer ou sur les montagnes et leurs roches aux formes extraordinaires.

Et puis, les couleurs, des arbustes qui forment avec leurs fleurs jaune-vert des boules tellement régulières que de loin, leurs groupes semblent être des rochers moussus ; les genêts flamboient de jaunes. Parfois on s'éloigne d'elle, et on la retrouve au gré d'un tournant, ou d'un sommet de côte, ou d'un creux : la mer, toujours là, nous sommes sur une île dont nous longeons la côte... Elle est assez calme, on entend quand mm avec force l'assaut des vagues sur les rochers, falaises, ou quelquefois plages.

Le printemps est bien installé à présent : on distingue moins facilement les jeunes feuilles, au vert plus tendre, des feuilles persistantes, vert foncé et souvent brillantes. Les figuiers, à leurs mille bras tous dressés vers le ciel - c'est à cela que je les reconnais - déploient les doigts de leurs feuilles, à un stade plus ou moins avancé selon les jours, selon l'exposition...

Nous traversons aujourd'hui des zones désertiques, au début il y a des villas visiblement très cossues, proximité chic d'Alghero peut-être.

Puis plus rien, quelques voitures qui nous croisent ou nous dépassent, mais pas un toit, pas une âme. Jusqu'à la moitié de l'étape, où nous longeons des troupeaux de brebis - mais personne. Nous nous trouvons heureux d'avoir rempli nos gourdes à la fontaine le long de la route, au quart de l'étape... Car à la fin, nous n'avons plus d'eau, tout est bu en arrivant à Bosa !

Pour atteindre cette ville la route d'abord longe la côte, puis s'en éloigne pour franchir un massif montagneux - et là, nous étions vraiment hauts, voir la mer et, entre elle et nous, des vallons, des forêts, des prés, c'était extraordinaire...

Au plus haut, au plus dur, Clémence propose de marcher à côté du vélo. Baptiste est enthousiaste aussi, et quelle joie pour Justine de prendre place à l'avant du Pino ! Les enfants courent, heureux. Et sont très fiers de me pousser pour m'aider ! Un temps très joyeux. Hélas il se termine par une chute de Clémence qui s écorche mains et genou au sommet... On l'emballe vite, le vent est glacial et elle a mal. Puis on attaque la descente... Des km plus rapides !

On rejoint la mer vers la fin, dans un paysage désertique de grandes masses rocheuses lisses sur l'une desquelles se dresse une tour, pour s'en éloigner une dernière fois à l'approche finale : on contourne un massif extraordinaire, présentant de hautes falaises en bas, et une ligne de falaises autour du plateau qui le domine. C'est ainsi qu'après une ultime côte,nous voyons apparaître Bosa à nos pieds.

Il est 18h30. Le temps d'arriver en bas, de nous repérer, d'aller vers le centre, nous voyons une certaine animation : nous nous rappelons d'un coup les processions programmées à Alghero, et apprenons bien vite qu'il y en a une ici aussi ce soir. Quand ? Dans cinq minutes ! Pas le temps de dire ouf, nous la voyons arriver, une procession d'hommes vêtus de blancs, les épaules couvertes d'une mantille (je ne sais si c'est le terme approprié) rouge.

Les deux premiers brandissent une croix, d'autres portent une statue, de la Vierge sans doute, d'autres encore, deux grandes échelles, d'autres enfin, une autre statue de femme, je ne sais pas laquelle. Je crois avoir entendu parler de Marie-Madeleine, mais c'est sans certitude...

Des chants accompagnent le début de la procession, des hommes chantent, un chant très mélancolique à l'unisson. Puis en divers endroits la procession marque un arrêt, un groupe d'hommes "en civil" forme un cercle, et les chants polyphoniques qu'ils entonnent me font beaucoup penser à ce que je connais des polyphonies corses... Quelqu'un dont la femme est d'ici, m'a indiqué que ce sont des chants de la région.

La procession se termine dans l'église principale - somptueuse - où notamment les échelles sont dressées le long du grand crucifix, et après un temps de cérémonie et de prières (ça y est, je reconnais bien le Notre Père et l'Ave Maria), le grand Christ est descendu de la croix. Ce sont ici des Christ aux épaules articulées ; la statue est ensuite déposée sur une sorte de brancard. La procession alors reprend, prières, chants, et nous voyons passer de nouveau les échelles, la grande croix du crucifix, les statues voilées de noir, et le brancard portant le Christ. Et de plus en plus de monde suit cette procession au fil des rues.

Ces rituels sont une tradition importante ici, nous en découvrons juste des bribes à mesure que nous avançons dans l'île et vers Pâques...

Demain nous allons chez une Warmshower ! Katarina, canadienne, nous accueille pour deux nuits. Une lessive sera la bienvenue, ainsi que la charge de tous les appareils électriques... Et nous sommes curieux de découvrir comment cette cycliste en est venue à s'installer ici, après plus d'un an de voyage à vélo !

jeudi 24 mars 2016

Alghero bis

Au matin on parle de la suite ; quand même, ces quelques heures à Alghero, c'était trop court, il reste tant à y découvrir, s'imprégner un peu de cette ville dont nous avons le nom en tête depuis des années que les parents de Sébastien y viennent en bateau et nous en ont envoyé des cartes postales ou des photos... On envisage d'aller voir la Grotte de Neptune, suivant les moyens et les horaires d'accès. Et puisque nous savons où bivouaquer, nous assisterons à la procession du soir. Tout le monde est d'accord, on range avec entrain dans la tente, ...

et là, il se met à pleuvoir. Bon... Ça s'arrête au bout de cinq minutes, on s'apprête à sortir les affaires. Il se remet à pleuvoir, très fort cette fois, et ça dure un moment ! On apprécie bien les jeux de cartes, dans la chambre vide nous avons de la place, Sébastien regarde LA carte pendant que Baptiste et Clémence jouent à la bataille (corse, forcément), je fais une réussite avec la moitié d'un paquet et Justine m'imite avec l'autre moitié. Ça dure... Finalement, le temps que le grain s'arrête, il est près de 11h ! On est de retour à Alghero vers midi. A l'office de tourisme où nous garons nos vélos, c'est de nouveau la personne charmante qui est là, nous lui confions la liseuse pour qu'elle charge pendant la journée.

Nous laissons l'idée de la grotte de Neptune, certainement magnifique, mais l'investissement nous paraît énorme (2 x 25km) pour une visite qui durera 30 minutes. On explore un peu la ville moderne, on trouve une plage facile d'accès non loin de Fertilia, où les enfants se régalent pendant quelques heures à jouer avec les vagues, le sable... Quelle joie pour nous de les voir si heureux, et de les voir jouer ensemble tous les trois !

Retour vers Alghero, je repère un magasin de vélos où j'achète une nouvelle gourde : percée vers le col, la mienne me douchait à chaque fois que je buvais, pas très agréable voire franchement pénible... La commerçante a même l'amabilité d'aller me la rincer et remplir : me voilà avec une nouvelle gourde prête à l'emploi sans fuites !

On refait le plein des autres gourdes au port comme la veille, garons nos vélos à l'emplacement devenu habituel, des autrichiens nous abordent, les mêmes qui nous ont pris en photo le long de la route avant Porto Torres ! Vient nous saluer également un homme vu la veille au matin, au bivouac : un policier de la localité proche. La veille de notre installation à cet endroit, un camion était venu là, le grillage avait été sectionné, 65 agneaux et brebis volés... Les deux policiers reperaient alors les traces du camion.

La nuit est venue, nous nous partageons une pizza préparée sous nos yeux, devant les enfants ébahis par le coup de main du pizzaiolo, puis allons suivre la procession : ce jour, c'est une procession de femmes. Du fait de toutes les processions de la semaine sainte, les lanternes de la ville sont voilées de rouge. Quand plus tard nous quittons la ville pour rejoindre notre bivouac, de loin nous voyons cet alignement de lumières rouges, d'un éclat bien différent des feux de circulation, c'est étonnant...

Nous retrouvons avec un certain plaisir notre emplacement, Sébastien a même pris la peine de marquer les coins de la tente pour qu'on ne perde pas de temps à chercher le meilleur emplacement entre les cailloux !

Nous sommes heureux d'avoir pu déambuler dans les rues animées du soir, un plaisir rare pour nous nomades, et nous avons aimé l'ambiance de la ville, en Sardaigne tout ferme à 13h, puis rouvre de 17h à 20 ou 21h : à l'heure où chez nous seules les terrasses sont animées, ici toutes les boutiques sont ouvertes. Nous avons apprécié ce temps supplémentaire ici...

mercredi 23 mars 2016

Alghero

24km

Bivouac au rythme des vagues qui viennent éclater sur les rochers. Nous avons vu le soleil, rouge, glisser dans la brume à côté du Capo Caccia, en sortant d'Alghero. Quelques virages plus loin nous avons trouvé un petit sentier qui descend vers la mer et, sitôt la tente plantée, nous avons vu, en face du couchant, la lune se lever derrière la colline, ronde et brillante. Quand je suis sortie avec Justine, le paysage était bien éclairé, nous pouvions voir la mer frapper les rochers. Et au loin, la lueur du phare du Capo Caccia.

Ce matin nous passions devant la nécropole Anghelu Ruju : des vestiges de plus de 6000 ans, que nous n'avons pas visités : c'était fermé, bien que les horaires d'ouverture indiquent le contraire. Internet a sans doute des ressources sur le sujet... Nous sommes arrivés à Alghero par un marché, où nous sommes allés faire un tour. Nous sommes en pleine saison des oranges fraîches, il y avait aussi beaucoup de producteurs de fromage et charcuterie, nous avons acheté un tout petit pot de miel de houx !!!, produit à 1400m d'altitude, à un marchand qui nous a fait goûter aussi des miels d'eucalyptus, de romarin (pas aussi aromatique qu'en Camargue), d'argousier (amer !!!), et aussi du miel cuit (abbamele).

Puis nous avons rejoint le centre historique où, à l'office de tourisme, une dame très agréable nous a renseignés sur la ville, les différentes manifestations (expositions, processions...) de cette semaine particulière : la semaine sainte.

Car ici à Alghero nous ne sommes pas tout à fait en territoire italien comme dans ce que nous avons déjà vu de la Sardaigne ; ici nous sommes en terre catalane, culturellement du moins, comme en témoignent le dialecte local, le blason, les processions de cette semaine (peut-être en trouverez vous des photos sur la Toile) etc. On y voit donc, outre les pizzeria, spaghetteria, trattoria et autres ristorante, des paelleria !

Sébastien n'a pas l'adresse de la petite pizzeria dont lui a parlé son papa. Nous en trouvons une qui a l'air sympa, au plafond voûté comme beaucoup de boutiques et autres rez-de-chaussee de la vieille ville. Outre de la pizza, nous y goûtons une autre spécialité : la faine, galette de farine de pois chiche. Peut-être comme les panisses de la Côte d'Azur ? Je ne suis pas sûre d'y avoir goûté...

Nous retournons un peu plus tard à l'office de tourisme, nous y sommes accueillis par un type dont on se demande bien ce qu'il fait là !! Manifestant clairement qu'on le dérange, pas aimable, peu efficace à renseigner... Quel contraste ! En plus son humeur grincheuse est contagieuse, il faut redresser la barre pour ne pas laisser l'ambiance familiale se mettre au diapason de cette morosité désagréable.

Beaucoup plus sympa, la visite de "la Respublica", lieu autogéré de rencontre, de culture, avec un atelier bois, un atelier dessin, un espace lecture, une salle de musique avec un petit studio d'enregistrement, un petit théâtre... Et une salle de jeux et jouets, où les trois enfants passent un moment délicieux pendant que nous discutons avec notre jeune guide. Elle nous parle italien, assez doucement, et je comprends plutôt bien. C'est une bonne surprise pour moi de comprendre en général pas trop mal l'italien. (Mais quand même c'est cool quand il y a un peu de français, d'allemand ou d'anglais pour affiner la compréhension et l'expression...) Pour parler, je demande souvent du vocabulaire à Sébastien, qui cet hiver a potassé assez assidûment les premières leçons de la méthode envoyée par Mamie Suzie ! Mais à force de comprendre ce que je lis, j'en acquiers aussi. C'est un peu dommage que nous ne soyons en contact avec la langue que par bribes de conversation, mais on ne peut pas non plus forcer l'hospitalité !

Hier nous avons vu sur le compteur, au moment d'acheter l'huile d'olive : 1000km !

mardi 22 mars 2016

Vers Tottubella

60km

Nous avons trouvé un bivouac avant que la pluie s'installe, un peu abrité du vent qui nous a poussé aujourd'hui, et il ne pleut sérieusement que depuis peu : personne n'a été mouillé en préparant tente et affaires, en attachant les vélos ou, après avoir mangé, en faisant la vaisselle ou encore pipi... Nous apprécions ! À présent nous l'entendons crépiter sur la tente. Sauf quand passe un avion : à quelques kilomètres d'Alghero, nous avons constaté sur le gps que nous sommes juste dans l'alignement de la piste de l'aéroport ! Qui est proche. Volume sonore impressionnant, mais quelques instants seulement à chaque avion, ouf. Ils s'enchaînaient ce soir !

En quittant ce matin le parc de Tergu, nous avons reçu des habitants d'en face, en même temps que de l'eau, des biscuits ! Similaires à ceux d'hier soir : Vincenzina, qui les avait faits, nous a expliqué qu'ils étaient une tradition de Pâques, de la semaine sainte - comme les Bredele de l'Avent.

Sympa de commencer la journée par quelques kilomètres de descente : retour vers la grand-route. Qui est d'abord bien vallonnée avant de longer le littoral : là, c'est plat, et le vent fort qui s'est levé hier à la mi journée, souffle toujours et nous pousse !

Pause à la "maison de l'éducation à l'environnement", où nous avons aperçu des jeux, des enfants et une maman portant son bébé en manduca ou équivalent. Nous avons trouvé un bivouac avant que la pluie s'installe, un peu abrité du vent qui nous a poussé aujourd'hui, et il ne pleut sérieusement que depuis peu : personne n'a été mouillé en préparant tente et affaires, en attachant les vélos ou, après avoir mangé, en faisant la vaisselle ou encore pipi... Nous apprécions ! À présent nous l'entendons crépiter sur la tente. Sauf quand passe un avion : à quelques kilomètres d'Alghero, nous avons constaté sur le gps que nous sommes juste dans l'alignement de la piste de l'aéroport ! Qui est proche. Volume sonore impressionnant, mais quelques instants seulement à chaque avion, ouf. Ils s'enchaînaient ce soir !

En quittant ce matin le parc de Tergu, nous avons reçu des habitants d'en face, en même temps que de l'eau, des biscuits ! Similaires à ceux d'hier soir : Vincenzina, qui les avait faits, nous a expliqué qu'ils étaient une tradition de Pâques, de la semaine sainte - comme les Bredele de l'Avent.

Sympa de commencer la journée par quelques kilomètres de descente : retour vers la grand-route. Qui est d'abord bien vallonnée avant de longer le littoral : là, c'est plat, et le vent fort qui s'est levé hier à la mi journée, souffle toujours et nous pousse !

Pause à la "maison de l'éducation à l'environnement", où nous avons aperçu des jeux, des enfants et une maman portant son bébé en manduca ou équivalent. C'est Sara, qui nous parle des lieux, Matilda sur son ventre n'en perdant pas une miette et souriant à la moindre occasion. Cet ensemble se trouve à proximité d'un étang, où niche un oiseau d'eau migrateur rare : la poule sultane. L'ensemble étang+maison de l'environnement+jeux à 6-8 km de la ville (Porto Torres) nous fait penser au Malsaucy chez nous !

Nous ne restons pas très longtemps : la pluie est annoncée pour dans 2h, si on pouvait avoir bivouaqué avant ce serait bien... En entrant dans la ville on aperçoit un Eurospin, cet automne en Italie nous nous étions plusieurs fois ravitaillés à cette enseigne. Nous y trouvons en effet de quoi nous ravir, fruits et crudités en abondance. La pluie menace, on repart vite, Clémence est d'accord pour porter le sac de courses sur ses genoux.

Vers Alghero la route file tout droit, plutôt à plat. Le vent qui, de travers, nous a rendue difficile l'entrée à Porto Torres, nous en éloigne rapidement à moindre effort !

Nous voyons à gauche : vente directe d'huile d'olive. Ça tombe bien nous arrivons à la fin de notre bouteille ! Hélas, personne. Clémence commence à trouver le sac lourd, on prend le temps de ranger les courses. Une voiture arrive... Nous l'aurons, notre huile !

Il y a là dix hectares d'oliviers. Nous goûtons deux huiles différentes, toutes deux très bonnes, et très différentes. Elles sont issues de deux variétés différentes d'olives, nous en goûtons ensuite, juste préparées en saumure : de saveurs bien distinctes, et pour l'une on retrouve bien la saveur de l'huile ! Une dégustation intéressante. Tout le monde aime les deux huiles, sauf Clémence qui trouve la deuxième trop forte : on prend la douce, très aromatique et fruitée aussi.

Nous trouvons peu après notre bivouac, et en regardant ensuite la carte on voit qu'il était temps : bientôt nous rejoindrons une autre grand-route, il y aura sans doute plus de circulation... donc de bruit.

Le littoral que nous longions était sur plusieurs kilomètres une immense plage de sable. Nous y trouvons un endroit parfait pour une pause, vélos sous les pins, les enfants font du toboggan sur la dune, ramassent des coquillages sur la plage, Baptiste joue avec le bord des vagues... Le tout en plein vent, pas très chaud : on ne s'attarde pas très longtemps ! Mais c'était vraiment un excellent moment.

lundi 21 mars 2016

Tergu

26km

Ce matin, comme hier soir nous sommes frappés par la température douce : plus de 12°C peu après 7h, peu de rosée, et le soleil chauffe rapidement. Je suis dehors sans chaussettes ni coupe-vent et n'ai pas froid du tout.

Partis peu après 9h, nous atteignons Castelsardo seulement en toute fin de matinée, bien qu'il ne nous reste plus qu'une douzaine de kilomètres : ça monte ! (Alors petite digression... mon super clavier bluetooth a un petit problème : une touche est cassée, celle pour 9, ç et accent circonflexe. Il se peut qu'un couac échappe à ma vigilance, aussi si vous ne comprenez pas quelque chose, essayez de voir si ça ne devient pas compréhensible en rajoutant l'un de ces caractères...)

Pour l'approche finale, quelques kilomètres de descente, et la vue est superbe : la partie médiévale de la ville perchée sur le rocher, maisons colorées dans le soleil, la mer autour, et le ciel bleu, composent un tableau ravissant.

La première côte vers le centre historique donne le ton : on se gare tout de suite, on continuera à pied ! Plusieurs volées d'escaliers s'enchaînent en enfilade jusqu'à l'ancien rempart, puis on monte encore jusqu'au château, et de là les ruelles redescendent vers la mer. Le vent s'est levé au nord-est, et de ce côté là du promontoire rocheux exposé justement nord-est, nous avons froid même au soleil ! Alors que sur l'autre versant nous étions tentés de chercher l'ombre...

Nous trouvons l'office de tourisme.

Sans français ni anglais ni allemand, mais avec beaucoup de patience et de passion, la jeune femme qui tient l'office nous parle de Castelsardo, et de la journée particulière d'aujourd'hui : en ce Lundi Saint, c'est jour férié à Castelsardo (apparemment c'est local), il y a des processions, et elle nous parle d'une fête dans le petit village proche de Tergu. Seulement une dizaine de kilomètres et non, non, ça ne monte pas trop. Elle nous donne envie d'y aller.

Alors, motivés, nous nous y dirigeons ; l'occasion de rire encore une fois des panneaux fantaisistes d'indications kilométriques, qui à quelques mètres les uns des autres sont capables de faire apparaître ou disparaître 6 km d'ici à telle ou telle ville :D Pire qu'en Provence ! (Du Teil à Avignon, cette dernière s'éloignait un peu plus à chaque kilomètres, lorsque nous en approchions...)

Ca monte. Ca monte fort, et même parfois très fort, un peu comme vers Capoteste, et longtemps. Finalement on y arrive. Trempés de sueur, par ce beau soleil et cette longue côte ! Le village hors la fête est désert, nous trouvons avec grande joie un tuyau d'arrosage à côté de la mairie, la douche est froide et néanmoins grandement appréciée ! Je me lave même les cheveux. Puis on se couvre bien : ici à près de 300m d'altitude, à l'intérieur des terres, il fait nettement plus frais qu'en bord de mer, et le vent est le même.

Nous allons voir l'abbaye, remarquable. Une procession est montée ici ce matin de Castelsardo à pied, si nous avons bien compris. Mais il n'y pas plus tellement de festivités. Et en fait de fête, c'est vraiment décevant : à part les deux marchands de porte-monnaie et coques pour smartphones, et deux ou trois stands variés, il y a un nombre étonnant de camions proposant des sandwiches et frites, et surtout d'innombrables (peut-être 10 ou 15 ?) artisans nougatiers qui vendent du nougat et surtout des bonbons, non pas des bonbons artisanaux mais de ceux qu'on appelait "bonbecks"... Heureusement nous y faisons de sympathiques rencontres, des gens vraiment étonnés de nous savoir en voyage "con bicicletta" ! Da Francia ? Si ! L'un d'eux qui s'était éloigné, revient vers nous avec un plateau de petites pâtisseries, "c'est pour vous". La présentation nous rappelle très fort Alberto de Susa...

La température chute en fin de journée, nous retournons a proximité du tuyau d'arrosage, les enfants ont repéré une aire de jeux et nous, le parc où elle se trouve : c'est là que nous bivouaquons. Et il y a le wifi, on peut enfin donner et prendre des nouvelles !

Pour info : pour le moment mon téléphone ne capte rien, si besoin de nous joindre, c'est possible par sms sur le celui de Sébastien (Indre, Côte d'Or, Alpes Maritimes, et j'ai un trou après les Côtes d'Armor...)

samedi 19 mars 2016

Un peu au sud de Portobello di Gallura

35km

Ce matin Justine et moi, réveillées avant le reste des troupes, sortons faire un tour dans le matin. Il fait encore frais peu après 7 heures, 9°C, nous suivons le chemin dont nous nous sommes écartés hier soir pour bivouaquer et contemplons la vue sur la mer et les falaises de la Corse que nous avons regardé s'éloigner hier depuis le ferry. Il fait beau, quelques nuages, on entend et voit tout plein d'oiseaux, on contemple des fleurs toutes inconnues pour moi... Un moment agréable. Nous rencontrons un marcheur, qui devient joggeur quelques pas plus loin. Nous entendons et voyons le ferry qui s'éloigne de la côte sarde.

De retour à la tente nous faisons signe à Baptiste qui est dehors, occupé à jouer avec les roseaux. Clémence le rejoint bientôt, elle a fini de ranger l'intérieur de la tente avec Sébastien. C'est parti pour près de deux heures d'escrime et autres jeux avec les longues tiges ! Avant de partir, pour ma part je taille une flûte et j'arrive même à en extraire un son :-), plus exactement deux, tonique et dominante, puis un troisième qui réalise un demi-ton parfait, après avoir percé un trou au hasard...

Nous avons quitté le parc du bivouac et repris la route en direction du Capoteste. Ça descend, ça remonte... J'ai l'impression pénible d'avoir de la choucroute dans les jambes, impossible de monter les côtes, pas de jus. On avance quand même un petit peu, on serpente un peu dans Santa Reparata, qui se révèle être une petite station balnéaire certes très jolie, mais quasi déserte. Autour d'une petite plage, des chaos de roches émergent, on voit derrière la presqu'île du Capoteste : plein les yeux. Mais dans les jambes, rien, à la énième côte où je reste en plan au deuxième tour de pédale, je me sens saisie d'angoisse : et si je n'avais plus la même énergie, suite à mes récents maux de dos ?

Sébastien se veut rassurant : il me dit avoir la même impression d'être sans énergie à chaque montée, et que c'est peut-être juste qu'elles sont trop raides... Du coup l'inquiétude ne disparaît pas, mais change : et si la Sardaigne, c'était juste trop dur pour nous?...

On place quelque espoir dans la route principale, aux dénivelés peut-être plus modérés... En attendant on a fait descendre les enfants qui marchent joyeusement à côté, comme au Col de l'Echelle. Allez, il faut maintenant la rejoindre.

Vive le gps et Patrick ! C'est grâce à "here" utilisée au bon moment, qu'on emprunte la bonne direction : la route sur la carte, est en réalité une piste, nous n'aurions pas eu l'idée de nous y engager... Quelques centaines de mètres et nous "tombons" sur la grand-route, juste au niveau d'une supérette. L'occasion d'y refaire le plein, devant les fruits et légumes frais, notamment de très belles et délicieuses oranges d'Italie fraîches, comme nos clémentines corses ; derrière les produits plus industriels, céréales, chips, pâtes "oh Maman ! On est en Italie, alors c'est de la pasta !" Le moral des troupes va mieux. Et quand on reprend la route, ça monte, les enfants sont de nouveau installés, il y a les courses en plus : et pourtant on y arrive ! Ouf. C'étaient donc bien des pourcentages épouvantables qui nous éprouvaient tant. Nous entamons donc soulagés la suite de notre découverte de la Sardaigne printanière, arbres fleuris de blanc, de jaune, bas-côtés fleuris aussi, blanc, crème, jaune, toutes nuances de rose, bleu, violet... Et ça sent bon, rien à voir avec la Provence, mais bien agréable aussi.

Et la bonne nouvelle, en plus, c'est qu'au lever ce matin, je n'ai plus mal, du tout ! Je sens bien encore un peu de raideur, mais plus de douleur. Je n'y croyais plus guère, après avoir encore tant souffert à l'arrivée à Bonifacio ! Merci infiniment Manon de Marseille...

Bon, nous roulons à travers une garrigue déserte, quelquefois une petite route s'éloigne mais pas de maison en vue ; la plupart des chemins sont clos d'une barrière à quelques mètres de la route. Et nous n'avons presque plus d'eau, imprudemment nous avons oublié de faire le plein lors de nos difficultés à Santa Reparata, puis en retrouvant la grand-route en périphérie de Santa Teresa. Il ne nous reste plus que quelques gorgées sur chaque vélo. Finalement à la deuxième station service fermée nous trouvons un robinet, ouf !

A présent nous pouvons nous mettre en quête d'un bivouac. Beaucoup de relief, des barrières, portails ou barbelés à chaque départ de chemin... Finalement Sébastien repère un pré dont l'accès n'est pas verrouillé, et c'est là que nous élisons domicile pour la nuit. Baptiste et Clémence jouent au frisbee pendant que nous montons la tente, Justine joue avec dés... On profite ainsi des derniers rayons du soleil, qui viennent finir de sécher la tente encore un peu humide de ce matin.

Puis c'est le festin du soir, salade avec de l'échalote, bâtonnets de carottes, chipster, blettes sauvages récoltées dans la journée et des céréales de petit-déjeuner en dessert : les loulous sont ravis de ces fantaisies :)

vendredi 18 mars 2016

Vers Santa Teresa di Gallura

6km

Nous plions vivement notre bivouac, descendons jusqu'à Bonifacio qu'on aborde par le port, et montons bravement jusq'à la ville haute. Je me repose sur la place au soleil, pendant que Sébastien fait le tour du promontoire avec les enfants. Du haut des falaises sur lesquelles est perchée la ville, la vue doit être superbe !

De retour aux vélos nous passons à la boucherie "Chez Philippe" près de laquelle nous sommes garés : Sébastien a repéré qu'il vendait du fromage de brebis local, une spécialité corse à goûter ! L'homme est très sympathique aussi, ce doit être le prénom qui veut ça ;) Nous descendons à l'embarcadère, et préparons notre pique-nique en attendant de pouvoir entrer dans le ferry. Bien plus petit que le Monte d'Oro, logique pour cette traversée bien plus courte. On s'installe, voyant la stabilité de nos montures (large béquille du tandem, malle posée), celui qui s'apprêtait à les arrimer nous demande si nous sommes d'accord pour qu'il les laisse tels quels : oui, c'est stable, et ce ne sera pas secoué comme pendant la traversée Marseille-Corse !

On regarde la sortie de Bonifacio, sur la droite les deux calanques dont nous a parlé Sébastien, où il se souvient avoir mouillé plusieurs fois sur le Gwendoline. Puis l'entrée en mer et la vue extraordinaire sur les falaises, avec Bonifacio perchée là-haut. Pour régaler aussi nos oreilles, trois Corses à côté de nous se lancent dans une polyphonie, extra !

Nous débarquons à Santa Teresa di Gallura et profitons du soleil pour mettre à sécher les vêtements trempés que nous portions hier. L'après-midi est déjà bien avancée quand nous redémarrons. Nous nous dirigeons vers le centre. Petite halte à la bibliothèque, où il y a des toilettes ! Un peu plus loins, le magasin en face a l'air d'un bazar où l'on doit pouvoir trouver toute sorte de chose, j'attrape une botte de Clémence dans la malle et m'y dirige. Mon italien est à peu près nul, mais on se comprend quand même : non, en bottes de pluie elle n'a qu'en taille adulte. Mais en sandales, elle a juste ce qu'il faut pour Baptiste ! Le jeune homme est ravi, et nous soulagés qu'il ait enfin autre chose que ses bottes de neige ;) La chinoise qui tient ce grand bazar me trouve aussi une sacoche en bandoulière pour lui, exactement comme je cherchais, avec plein de poches partout mais pour autant pas trop grande. Ouf, il aura de nouveau de quoi glisser ses petits trésors ! Il a quelques coquillages dans les poches depuis Port-de-Bouc...

Eva, française installée ici depuis 15 ans, nous a parlé un peu de la région, et nous a invité à aller voir le Capoteste, à quelques kilomètres : nous en prenons la direction. D'après la carte que nous avons, une grande carte de la Sardaigne que nous a confié Alain du Teil, nous devrions pouvoir rejoindre la grand-route ensuite sans faire demi-tour. Et s'en éloigner est toujours plus favorable à la recherche d'un bivouac.

A droite, la route est bordée de barrières en bois, nous voyons à un moment un portail clos, et un grand panneau décrit de quoi il s'agit : une zone protégée réservée aux piétons et vélos. Bon, l'accès n'est pas aisé, une ouverture pas très large dans un muret de pierre, mais nous ne regrettons pas la manutention (enlever toutes les sacoches, porter les vélos) : en nous enfonçant de quelques dizaines de mètres dans ce parc, nous trouvons une petite clairière vraiment agréable, à côté de massifs de roseaux, au loin vue sur la mer et la côte corse...

J'étais tout d'abord restée non loin de l'entrée de ce parc avec mon vélo, les sacoches et les enfants, pendant que Sébastien partait en repérage. J'entends Clémence : "Mammmman ! Des, des animaux, là !" La seconde d'avant, en rebouchant un trou que Baptiste venait de remplir, je venais de dire qu'ils avaient peut-être été faits par des cochons sauvages, sortes de sangliers... les voici ! Nous en voyons 3, ils nous contournent et s'éloignent de nouveau sous les arbres... Les enfants ne sont pas très rassurés, je ne suis pas trop inquiète, ils ont l'air placides, ouf. Enfin du coup les enfants ne s'éloignent pas de nous ce soir !