10&11 juillet 29

Départ matinal : nous voulons atteindre avant midi l'abbaye de Pomposa, d'où la responsable, au téléphone, nous a indiqué qu'elle partait à midi pour quelques jours de retraite.

Mais avant, nous allons de bon matin faire un tour à Comacchio, petit avant goût de Venise avec ses canaux et son Trepponte.On en repart vers 9h30... vraiment matinales, la visite !

A Pomposa se trouve une communauté de "Ricostruttori nella preghiera" : des moines sans habit, en communautés mixtes, qui pratiquent la méditation. C'est à la sortie de Manfredonia que nous avons rencontré pour la première fois cet ordre, à l'abbaye de San Leonardo où Valentina, qui parlait français, nous avait proposé l'hospitalité.

C'est là que j'avais oublié mon téléphone, le matin de l'ordination de Michele. Valentina nous avait remis les coordonnées de l'ensemble des communautés de l'ordre présentes sur le territoire italien - ils n'ont pas d'implantation à l'étranger - en nous proposant d'y demander l'hospitalité si nous le souhaitions.

C'est donc ce que nous avons fait pour Pomposa. Pomposa, que j'étais venue visiter il y a... 15 ans, avec la famille bavaroise chez qui je sejournais. Tout ici rappelle la Vendée, je repensais à l'assèchement des terres de Noirmoutier par Saint Philibert, ici ce sont des moines bénédictins qui ont oeuvré à la "bonificato". Et un bras du Po, changeant de cours, a fait reculer la mer d'une dizaine de kilomètres en un temps réduit, vers 1500 si je me souviens bien. L'abbaye a été construite près de la mer,qui n'y est plus. Le clocher, haut de 58m, repose sur du sable, à 30cm au dessus du niveau de la mer.

On peut y distinguer, en bas, comme sur la façade de l'église, des écuelles : c'était un symbole signifiant aux pèlerins qu'ici, il leur serait servi à manger, nous a expliqué Stefano. Il nous a également fait visiter l'église et ses dépendances, réfectoire avec une représentation de la Cène ("l'ultima cena", en italien "cena" désigne le repas du soir), salle du chapitre (il existe en italien les expressions "avoir/ne pas avoir voix au chapitre) avec ses fenêtres suffisamment basses pour que les jeunes moines, à défaut de se faire entendre, puissent écouter et ainsi apprendre comment se passaient ces réunions concernant la vie du monastère ; en haut, la grande salle du musée où l'on peut distinguer au sol les cellules des moines. Dans l'église, quelques clés pour comprendre les fresques du XIVe s, et l'étoile à 8 branches emblème de Pomposa. Au sol, des mosaïques, dont un secteur représentant des animaux, dans un style rappelant fortement la cathédrale d'Otranto.

Et puis, il y a une chose remarquable qui a été initiée à Pomposa. Un moine du nom de Guido y a inventé un système pour que la transmission des chants ne soit plus cette incessante et fastidieuse répétition, mais puisse se faire plus facilement... Cette première notation musicale, sur une portée à 4 lignes, est ainsi née ici.

Stefano, ici depuis 6 ans, et Antonio, originaire de Sicile - vers Taormina - en long séjour ici, ont partagé avec nous leur repas. Où l'on mange d'abord des fruits...

C'est Antonio qui cuisine ; Stefano l'a redit plus d'une fois, appréciant visiblement les talents culinaires du sicilien - et tout en effet était excellent, haricots rouges au romarin et carottes, courgettes du jardin, soupe de légumes... Nous les avons appréciés deux soirs, savourant une journée de pause où nous sommes allés, à vélo léger, explorer les environs.