Albarea (40km), Ferrara (25km), Crespino (40km), 12, 13, 14 juillet

Ferrara, l'une des villes où la part modale du vélo est la plus élevée - du monde ! C'est à dire la proportion de déplacements qui s'y font à vélo. Un signe fort : nous y avons vu sur des murs les panneaux "ne pas poser de vélo ici", que jusqu'à présent nous n'avions vu qu'à Freiburg im Brisgau, en juin 2011, lors de notre toute première expérience à vélo+tente... Freiburg, où il y avait tant de vélos que nous avions eu du mal à trouver où garer les nôtres, pourtant "tout nus" ce soir là, les bagages étant au camping.

Ici à Ferrara, on les a posés sans difficulté, devant le bar en face du château où se trouvaient l'office de tourisme et les toilettes publiques.

A 50 centimes par personne. Je suis donc retournée au bar avec Baptiste et Justine, le barman était super sympa, ça aurait été dommage de passer à côté de son enthousiasme !

Les prix des toilettes publiques, lorsqu'elles sont payantes, peuvent être très variables : de 20 à 50ct, par personne ou pour toute la famille, ou don libre, 50ct étant le tarif le plus souvent rencontré.

On s'amuse à calculer le budget "toilettes" mensuel si on devait payer 50ct pour chacun de nous, ne serait ce qu'une fois par jour, tous les jours... Sachant qu'en pratique c'est notoirement plus d'une fois par jour !!! Une seule fois, l'accès aux toilettes d'un bar a été refusé à Justine, à Alberobello site très touristique où l'on nous a orientés vers les toilettes publiques pas très loin.

Le plus souvent on nous accueille avec le sourire, quelquefois on sent que c'est juste toléré, c'est très variable. Aller au bar est l'alternative officielle, il n'y a pas toujours de toilettes publiques en Italie - encore moins qu'en France il me semble.

Plus tard, au jardin public où nous sommes allés, les toilettes étaient gardées, et gratuites. Une configuration un peu surprenante que l'on rencontre quelquefois...

Ferrara, ville renaissance classée à l'UNESCO, mais je ne vous parlerai pas beaucoup des monuments : j'avais du sommeil en retard, je suis allée dormir ! Là où nous avons bivouaqué : un grand parc qui m'évoquait fortement le Parc de la Douce. Pour nous protéger des moustiques féroces, Justine déjà endormie et moi, j'avais accroché les coins supérieurs de notre housse de couette à mon vélo, et nous étions dessous, sur un matelas.

Depuis que nous l'avons lavée à Gallo chez Franco, nous n'avons pas remis la housse en soie rose (cf mai 2012) sur la couette. Ainsi nous avons encore plus de possibilités de moduler selon la chaleur, pour que chacun puisse se couvrir juste à son aise : petit drap de soie, sac-à-viande en soie (très légers), housse de couette (léger), couette légère, couette intermédiaire. S'y ajoute le drap housse bleu qui, en configuration de bivouac léger, n'est pas nécessaire et peut servir de drap.

C'est que nous avons eu très, très chaud les jours derniers - depuis Fermo je crois.

Le vent qui s'est levé pendant ma sieste, en soufflant toute la nuit, a fait descendre la température à 20°C. Cela m'a paru étrange, au matin, de me lever et... de ne pas être aussitôt en nage ! Avec l'arrivée dans le Delta du Po, depuis Ravenne il faisait chaud et humide, très humide. La sueur me chatouillait en ruisselant sur le sternum... et mes lunettes glissaient sur mon nez, et s'encrassaient de sueur.

Car oui, aussi, j'ai passé quelques jours en lunettes. Mon oeil droit douloureux était tout rouge, on ne sait pas ce qui lui est arrivé... Mais pas question d'y mettre une lentille, que je supportais alors très mal de toute façon. Ces lunettes que je n'avais encore jamais portées, avaient le mérite d'être bien adaptées à ma vue - mes précédentes étaient beaucoup trop fortes. Mais, mal ajustées, elles m'ont vite fait mal aux oreilles et, surtout, sur mon nez ruisselant, elles glissaient, glissaient, glissaient... Sans compter la difficulté de trouver un mouchoir parfaitement propre pour les nettoyer, un défi ! Quelques jours d'inconfort notoire... où le soir je m'endormais vite, au lieu d'écrire pour le blog : le meilleur repos pour mon oeil. J'avais hâte qu'il guérisse !

(Vous arrivez à suivre un peu, dans ce dédale spatio-temporel ?)

Avant Ferrara, c'est à Albarea que nous avons bivouaqué : un bout de terrain plat merveilleusement tondu à côté de l'église, offrant un tapis moelleux d'herbe bien grasse. D'un côté donc, l'église. En face, le potager d'Alessio. Et nous étions au pied du campanile, une belle tour de briques penchée. 200 ans qu'elle penche, nous a dit Alessio pour rassurer Clémence : non, elle ne nous tomberait pas dessus cette nuit ! La terre a tremblé ici en 2012 ; la tour n'a pas souffert alors que la secousse a été fatale au petit bâtiment écroulé que nous voyons juste à côté, adossé à l'église.

Alessio nous a donné quelques tomates de son potager pour agrémenter notre dîner, et de l'eau ; et au matin, tomates et courgettes cueillies sous nos yeux, de l'autre côté du grillage. Antonio qui passait avec sa petite Emma en promenant le chien, est revenu avec une barquette de prunes et pêches, et de l'eau.

En arrivant à proximité de Ferrara nous avons rencontré Ricarda, à vélo avec une caisse de pêches sur le porte bagages. Elle nous a conduits, par un itinéraire cyclable, à une porte de la ville, près d'une fontaine à eau potable, d'où elle nous a indiqué les directions des différents lieux remarquables que nous avait signalés Piero de Fermo, qui habitait ici il y a 30 ans... avant de prendre congé en nous offrant de délicieuses petites pêches blanches.

Il n'y a pas que dans le sud que les italiens ont le sens de l'accueil !

C'est à Crespino que nous bivouaquons ce soir sur un replat à mi hauteur de la digue qui longe la rive gauche du Po. De grosses meules de foin nous changent des aires de jeux, les enfants s'amusent bien :-) Juste avant de franchir le Po, que nous longions donc en rive droite, nous avons vu un panneau : "moulin sur le Po". Hésitation... On y va ? Ou pas ? Quelques panneaux décrivant ce dernier moulin, en activité, alors qu'ils avaient été si nombreux... Il y a une aire de jeux ! Une baraque avec plein de vélos orange à louer, dont un vélo suiveur (roue supplémentaire avec selle et pédalier, qui vient se fixer derrière un vélo adulte) ! Et la jeune femme qui gère le lieu, Linda, nous accueille avec beaucoup d'enthousiasme, nous proposant douche, toilettes, électricité, et tables (d'énormes bobines) et chaises. Les enfants s'y installent et passent un long moment à faire des coloriages ! Nous avons ressorti récemment une trousse de beaux crayons de couleurs enfouie depuis le début du voyage au fond d'une sacoche :-D

Giovanni, 9 ans, s'est joint à eux, ainsi que Francesco 3 ans 1/2, pendant que nous discutions avec leurs parents Fabio et Anna Lisa de Boligne qui, après la pause balançoire, sont passés voir nos vélos... Nous étions comme scotchés les uns aux autres, tous les cinq (Linda, les Bolognais et nous deux), c'était un si bon moment ! Les enfants non plus ne voulaient pas tellement se quitter... Ci vediamo ? (On se reverra ?)