Les petits sauts de puces... ...font les grands voyages !

32km

Marie-Do, nous n'avons pas fini le chocolat aux noisettes, mais nous avons vite trouvé où planter la tente, tout près, au bout de l'autre petite route, en bas du pré. Celui qui a accepté que y plantions la tente, nous a offert des tomates à cueillir sur pied, dans son grand potager. Et a reconnu ces voyageurs vus à la télé...

Marie-Do, c'est la personne qui est sortie sur son balcon voir ce qui faisait aboyer son chien, et qui a interrompu sa conversation téléphonique pour venir remplir nos gourdes. Un moment plein de chaleur, de générosité, de lumière.

Le soleil s'est fait désirer aujourd'hui, ciel gris foncé ce matin, il était près de11h quand nous sommes partis et on avait l'impression qu'il était bien plus tôt : il faisait frais et sombre.

C'est quand le tandem de Céline et Fred s'est arrêté à notre hauteur, au pont de Curbans, que le soleil s'est montré et qu'on s'est réchauffés : on ne s'attendait pas ce matin à cette fraîcheur persistante, plafonnant à 12-13°C. Céline et Fred, c'est rigolo, j'ai su tout de suite qu'ils étaient Warmshower ! Mais Saint-Bonnet-en-Champsaur n'est pas sur notre route, et ça monte !!

Ça monte quand même ici aussi, et d'un coup ça a fraîchi, dans la vallée de l'Avance, vent à peu près de face, et froid ! Bon tout est relatif, on pedalait jambes nues, mais les enfants étaient tout emmitouflés, eux.

Les paysages défilent, de sublime en grandiose, bien qu'on avance très doucement aujourd'hui. Il faut dire qu'entre tous ces vergers de golden déjà récoltés, au sol jonché de fruits énormes et exquis, et les plus rares vergers de poires Williams où quelques fruits juteux et savoureux subsistent encore par terre, les petites pauses sont nombreuses. Et ô combien joyeuses !

Une bonne nouvelle en passant : ce matin nous étions bien au sec dans la tente, elle est étanche celle là ! Et bien au chaud, entre la couverture prêtée par Colette et les draps placés sur les moustiquaires.

Bientôt Embrun, où nous attend un appartement clé en main !

... mais nous sommes à l'abri : nous avons monté la tente sous un toit, un abri près d'un petit étang qui, à notre arrivée dans le dernier rayon de soleil avant que l'orage soit sur nous, nous faisait penser à l'étang des Forges. Celui ci a cependant l'air bien plus petit, avec petite aire de jeux d'enfants, terrain de foot et toilettes, choses qui faisaient défaut près de chez nous.

Ce matin nous avons récupéré des revues de lecture et coloriages qui font ce soir le bonheur de Clémence et Baptiste, d'autant que le précédent livre de coloriages est resté chez les Danys. Et là, avec la pluie qui tombe, on est contents d'avoir emporté quelques crayons de couleurs au fond d'une sacoche !

Notre nouvelle tente n'est pas autoportante, pour qu'elle tienne debout, déployée, on doit arrimer les quatre coins. Comme nous sommes sur du béton, nous testons ce soir l'arrimage aux vélos : d'un côté le tandem, de l'autre mon vélo avec la malle, un peu de ficelle...

Avant la pluie nous avons roulé 31 km, progressant encore une fois à vitesse réduite, en début de journée, sur la petite route, certes peu fréquentée ce qui permet de discuter, mais aussi peu roulante (revêtement inégal, montagnes russes un peu, et le vent ne nous aidait pas.

Mais les golden au pied du verger récoltées étaient délicieuses, le raisin de la vieille vigne qui courait sur les arbustes était à point, et les quelques figues ont réjoui tout le monde.

61km

Quelle avancée rapide aujourd'hui ! Portés par le plaisir rare de retrouver un parcours connu, portés par la joie de repasser par nos pauses gourmandes de fin de semaine dernière : vigne du talus, mûrier du bord de la route, noyers du petit parking. Portés surtout, hommes et bêtes, pardon puces et matériel, jusqu'au Col d'Ayen, par Monique et François qui non seulement nous extirpaient de ce très inaccessible hameau, mais en plus nous epargnaient l'ascension du Col. En gros ils nous ont avancé d'une journée. Et nous voilà ce soir à l'endroit d'où, revenus sur nos pas jusque là, nous repartirons vers l'inconnu.

La matinée était bien avancée quand nous avons chargé malle et sacoches ; les vélos étaient arrimés depuis la veille au soir sur la remorque du pickup. Au revoir les amis, on ne sait ni où, ni quand on se reverra, on sait juste qu'on se reverra...

On discute dans la voiture. Montbrison ? Oui, Monique connaît bien, notamment parce que sa fille, prénommée Justine, a été élève à la Maîtrise de la Loire ! Après mon bac : nous ne nous y sommes pas croisées.

Nous sommes allés demander de l'eau à une ferme d'élevage d'escargots, l'occasion de découvrir comment ça se passe pour ces petites bêtes. Trouver un bivouac n'était pas évident, avec une certaine densité d'habitat : soit pas de chemins s'éloignant de la route, soit des maisons au bout des chemins. Sébastien a suggéré qu'on aille à l'aire de jeux de Gréoux, au bord du Verdon, où les enfants avaient notamment joué avec un petit Raphaël de l'âge de Justine. J'ai rappelé que c'était à Vinon, 8km de plus, néanmoins après de brefs pourparlers le choix était unanime : on va bivouaquer là bas ! En gilet jaune et feux, la nuit approchant.

Nous avons terminé notre étape dans la nuit tombante, la tête au frais, les mollets dans la chaleur que restituait la route, le nez bercé des senteurs de pins et cyprès chauffés au soleil.

En traversant Vinon la route passait devant une supérette, on s'est composé sur le côté, pour notre dîner, pris peu après dans l'abside de la tente, un menu surprise de salade verte, poivron rouge, oignons blancs et poulet rôti, avec les tomates multicolores du jardin de Monique.

Sébastien vient d'aller se baigner dans le Verdon.